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IntroductionCette clarification étant faite, rien ne m’empêche, par contre, de faire des suggestions, de combler des vides, d’avancer des hypothèses, voire même faire des affirmations que l’histoire ne saurait démentir et que, par conséquent, nul ne pourrait contester. Parler de ceux que l’on aime est un plaisir auquel nous ne saurions ni résister ni nous en passer. Et nous aime de tout notre cœur, de toute notre âme, cette “Petite Sœur” qui est, à notre avis, un modèle de gentillesse, d’amour et de tendresse ; un modèle dont la jeunesse d’aujourd’hui ne saurait s’en priver. En effet, nous sommes tout à fait d’accord avec son premier biographe, lors qu’il écrit : “Alors, on a pensé qu'au feu qui dévorait cette âme d'autres âmes pourraient s'embraser”.[3] Sa contemporaine, Thérèse de Lisieux, élevée désormais aux honneurs de Docteur de l’Église, ayant monté dans un degré sublime dans la hiérarchie des saints — le doctorat étant la consécration suprême ! — il ne serait pas de mauvais aloi de présenter à la jeunesse de France, Marie-Lucie comme un modèle à suivre, une étoile à regarder dans le ciel si ténébreux de nos jours, où la jeunesse en quête de spiritualité ne sait plus très bien où aller, vers qui se tourner — l’abondance et le succès des sectes est là pour le prouver. Ceci ne veut pas dire pour autant que l'on doive oublier l’enfant de Lisieux, loin s’en faut. Thérèse reste et restera pour longtemps un modèle incontournable pour tous ceux qui, désireux d’approfondir leur spiritualité — dans l’enfance du cœur et de l’âme — trouveront toujours en elle un modèle irremplaçable, un guide éclairé, une sœur toujours soucieuse de déverser sur le monde “une pluie de roses”, une sainte qui souhaite continuer de “passer son ciel à faire du bien sur la terre”. Mais, dans ce contexte, quelle place pourrait occuper, Sœur Marie-Lucie ? Tout simplement la sienne. Celle qu’occupent toutes ces “petites âmes” qui, n’ayant pas fait la “une” des journaux de leur époque, n’ont pas moins contribué — par la vie chrétienne qu’elles ont menée, par leur sens de l’Évangile et par leur “petite voie” — à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Sœur Marie-Lucie, outre cette vie cachée mais toute remplie de Dieu, est une source inépuisable de grâces. Non pas qu’elle les accorde elle-même, car toute grâce vient de Dieu, mais parce qu’elle semble avoir, sur le Cœur de Jésus, une prédilection certaine, un “pouvoir” d’épouse que ne démentent pas les témoignages rapportés par Monseigneur Landrieux dans son ouvrage. * * * * * Parler de ceux que l’on aime — avons-nous dit — est un plaisir si agréable si doux au cœur, que nous ne résisterons pas à vous redonner encore quelques témoignages rapportés par Monseigneur Landrieux dans son livre. C’est qu’ils ont l’avantage, ces témoignages, d’avoir été pris “sur le vif”, d’avoir été déposés comme des boutons de rose sur un autel, en l’honneur et à la gloire de celle auxquels ils sont redevables. Comme Thérèse de Lisieux, Marie-Lucie semble vouloir passer son ciel à faire du bien sur la terre, à soulager ceux de ses frères qui dans le besoin spirituel ou matériel, ont recours à Dieu par son intermédiaire. « Les faveurs temporelles qu'on lui attribue sont moins nombreuses. On ne saurait pousser trop loin la réserve lorsqu'on aborde ce chapitre, et les mots qu'on répète parce que les intéressés les ont employés, les faits qu'on rapporte tels qu'ils vous ont été contés, sont évidemment sujets à révision. Ici, c'est une jeune veuve, malade, qui se voit mourir, révoltée à la pensée d'abandonner ses enfants, qui se sent subitement apaisée, résignée au contact d'une relique de Sœur Lucie.[4] Là, dans des conditions analogues, c'est une amélioration sensible qui permet d'éviter une opération déclarée urgente. J'ai vu la malade guérie qui m'a confirmé le fait. Une autre malade, menacée de cérébro-spinale, à qui on avait interdit le moindre mouvement, viole la défense pour atteindre un médaillon où étaient la photographie de Sœur Lucie et ses cheveux : “Je l'ai invoquée et j'ai senti que j'étais guérie !” Un blessé, M. B. de H., amputé d'une jambe, ne pouvait marcher qu'avec des béquilles parce que, malgré trois interventions successives, les os s'obstinaient à percer les chairs sitôt qu'il essayait son appareil. À la fin d'une neuvaine à sœur Lucie, la cicatrisation récalcitrante se fit, rapide et parfaite, et le docteur la déclare définitive.[5] Un malade, M. B., condamné par les médecins, éprouve, au seul contact de la “Vie de Sœur Lucie” que lui donne sa fille, une amélioration tellement imprévue que les docteurs en sont déconcertés.[6] Un professeur de collège écrit que sa Sœur, épuisée par une maladie qui ne lui permettait plus de travailler pour vivre, s'est trouvée entièrement guérie en lisant “Une Petite Sœur”[7]. Le 10 mai 1920, M. H. V., attaché à une exploitation de mines du bassin de Briey, fait une chute du haut d'un mur et une grosse poutre lui tombe sur le corps. M. G. D.[8], son ami, frère de Sœur Lucie, témoin de l'accident, le dégage inerte et lui glisse dans la main, en l'exhortant, la croix du grand chapelet de sa sœur qu'il avait sur lui. À l'hôpital, où on le transporte à demi mort, médecins et infirmières attendent une issue fatale. La Compagnie d'assurances intéressée, le fait radiographier, on l'examine avec soin, et l'impression générale, c'est qu'il est perdu, qu'il n'y a rien à faire. Son ami lui apporte un médaillon contenant des cheveux de la Petite Sœur. Et, à l'encontre de toutes les prévisions, il guérit. Et lui-même déclare par écrit qu'il ne peut attribuer son très prompt rétablissement qu'à une intervention surnaturelle due à Sœur Lucie qu'il avait invoquée en tombant et à laquelle encore était revenue sa première pensée sitôt qu'il eut repris ses sens.[9] Ailleurs, c'est un procès gagné par son intercession, dans des conditions singulières et impressionnantes. Un curé déclare qu'il prie tous les soirs Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et Sœur Lucie, qu'il leur confie tous ses malades difficiles et qu'il est exaucé. “J'ai eu d'innombrables témoignages de l'influence profonde de Sœur Lucie, à Brest d'abord, puis à Toulon. »[10] La même assurance me revient pour Paris, Rouen, Bordeaux.[11] J'ai sous la main, datée de 1911, une lettre ainsi conçue, avec une offrande en action de grâces : « Sous le coup d'un danger immédiat, j'ai eu recours à Sœur Lucie, et une demi-heure après j'étais exaucé.”[12] Que penser de ce récit ? « Dans une crise de désespoir, une force à laquelle il m'était impossible de résister me poussa vers le portrait de Sœur Lucie. Elle souriait, oui, toujours, mais son sourire était comme vivant, son regard aussi vivait. Et plus je la regardais, plus ce sourire s'épanouissait doucement ; ce n'était plus comme une image. Combien de temps cela a-t-il duré ? Peut-être cinq à six minutes. Les yeux pleins de larmes, pacifiée, l’âme apaisée, je la regardais sans aucun besoin de paroles, car elle comprenait et j'entendais ce qu'elle voulait me faire comprendre. À la fin seulement, j'ai dit : “Merci, chère petite Sœur Marie-Lucie.”[13] D'un monastère de Belgique, une moniale écrit : “J'ai demandé et obtenu par Sœur Lucie des grâces particulières... Une de mes compagnes a reçu aussi certaines faveurs par son entremise... Je la prie chaque jour. Elle exerce sur moi un tel ascendant qu'il me faudrait faire un effort pour ne pas vivre en union avec elle, comme si elle était à mes côtés.”[14] Voilà donc un “échantillon” du “pouvoir” dont dispose la “Petite Sœur” sur le Cœur même de Dieu. Lorsque nous parlons de ces âmes “extraordinaires” de simplicité et d’amour de Dieu et du prochain, nous ne pouvons nous empêcher de penser à la Lettre de saint Paul aux Romains : — « Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein. Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères; et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; ceux qu’il a appelés, il les a justifiés; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »[15] Prions donc, afin qu’un jour, Sœur Marie-Lucie puisse être glorifiée et donner aux jeunes — et moins jeunes — comme modèle à suivre, comme miroir où se reflètent les vertus si chères au Cœur de Dieu : amour et humilité ; foi et dévouement ; espérance et disponibilité.
Reims, le 22 décembre 1997 [1] Voir : Alphonse Rocha ; “Cimetière du Nord, deux siècles d’histoire rémoise” - Guerlin-Martin, Reims, 1998. [2] Alphonse Rocha ; “Cimetière du Nord, deux siècles d’histoire rémoise” - Guerlin-Martin, Reims, 1998. [3] Monseigneur Maurice Landrieux : “Une Petite-Sœur” ; Paris 1909. [4] Lettre de Bordeaux, mai 1919. [5] Lettre de Rouen, 21 octobre 1920. [6] Lettre de Rouen, du 7 janvier 1922. [7] Lettre des Charentes, du 11 janvier 1922. [8] Georges Dières-Monplaisir. [9] Lettre de Lorraine, du 7 février 1922. [10] Lettre du 16 janvier 1920. [11] Lettre du 17 février 1920. [12] Lettre de Champagne, 20 octobre 1911. [13] Lettre de Paris, décembre 1919. [14] Monseigneur Maurice Landrieux : “Une Petite-Sœur” ; Paris 1919. [15] Lettre de St Paul aux Romains: 8; 28-30.
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