AD PERPETUAM REI MEMORIAM

EXTRAITS

Concernant Mgr Diot

Paroisse de Notre-Dame, de 1791 au Concordat

Dans la nouvelle paroisse dont la cathédrale était le siège, le premier curé constitutionnel a été Nicolas Diot, évêque de la Marne, dont voici brièvement l'histoire :

Diot est né à Reims sur la paroisse de Saint-Pierre-le-Vieil, le 6 janvier 1744 (Enfant de chœur à Notre-Dame, il avait été instruit au Collège de Reims, admis ensuite au Séminaire et ordonné le 28 mai 1768. Il avait ses grades théologiques.

Entré en 1769 comme précepteur chez un fermier général nommé Pignon, Diot avait attiré l'attention (le l'évêque d’Auxerre qui en fit son secrétaire et l'avait nommé chanoine. Le 16 novembre 1770, Diot échangeait ce canonicat d'Auxerre pour la cure de Saint-Brice où il succédait à Charles Louis Joseph Destables [80]. Il en fut curé jusqu’en 1786. Au 22 avril I786, en effet, il a été nommé chanoine de Saint-Symphorien. Mais la situation était insuffisante pour ses charges de famille ; Diot l'échangea, le 26 septembre 1788, avec Jean-Remi Rallet, curé de Vendresse, dont il prit la place le 11 février 1789.

Diot était connu à Reims pour s'être rallié des premiers aux idées de l'Assemblée nationale sur la constitution de l'Église en France ; aussi, lorsqu'il fut question de nommer un évêque de la Marne et que l'abbé François Nicolas Gangand, curé de Mareuil-sur-Ay, se fut dérobé au choix des électeurs, le nom de Diot fut proposé, le 15 mars 1791. Après deux scrutins, il recueillit 272 voix sur 395 votants, majorité suffisante d'après la loi. Informé de ce choix dès le 16 mars par un courrier si rapide que son cheval succomba de fatigue dans la route, Diot s'empressa de venir à Châlons en personne notifier son acceptation. Le 16 mars, il adressait aux électeurs à Châlons-sur-Marne un discours « où il peignit toute la noblesse de l'âme la plus généreuse et la plus désintéressée ». Le président lui répondit :

« Étant abandonnés par le pasteur que leur donnait la loi de l'État, ils avaient cherché un ministre qui se dévouât à leur salut... Le nouvel évêque devra s'attendre que les censures et les anathèmes pleuvent sur lui. Mais il confondra les hypocrites et fera régner la paix. »

Le 28 mars 1791, Diot ne craignait pas de notifier son intrusion à Mgr de Talleyrand qui lui répondit vigoureusement le 5 avril [81]. C’est par l'évêque de Paris, assisté de celui du Gard et de l'évêque de Babylone, que Diot fut sacré à Paris, le 1er mai. Il fut installé fort pompeusement, le 15 mai, à Notre-Dame de Reims ; prononça le serment avec ses vicaires et publia, le 16 mai, sa première lettre pastorale [82].

Dès son arrivée à Reims, bon nombre d'ecclésiastiques fidèles s'étaient éloignés et la plupart des maisons religieuses se dérobèrent à sa visite. Le 5 juin, les curés qui avaient refusé le serment furent remplacés dans les paroisses de Reims et du district. Le 26 juin, Diot prononçait à la cathédrale un discours relatif à la fuite de Louis XVI. Le 14 juillet, il prit part à la fête de la Fédération et même à ces embrassements multipliés que Raussin appelle « une fricassée de museaux » [83]. Le 23 août 1791, « pour ne point scandaliser les fidèles et pour obéir à la loi », l'évêque supprimait les encensements du prêtre pendant les offices. Toujours par un souci visible de popularité, il accueilli la démarche des patriotes rémoises appelées « les sans-culottes » qui venaient le 2 septembre 1792 lui offrir une croix d'ébène pour s’en décorer et demander qu'il fît offrande à la patrie de la croix d'or qu'il portait. C'est le 6 octobre 1792 que Diot fit à Reims le serment de liberté. Au 8 mai 1793, on justifiait son absence des Rogations en disant qu'il visitait alors son diocèse de la Marne. Au 7 octobre 1793, il fit effort pour conserver à sa paroisse le service des vicaires dont le nombre était jugé excessif. La faiblesse la plus scandaleuse de Diot, ce fut d'assister, le 16 brumaire an II, au mariage sacrilège du vicaire épiscopal Bastien Tonus et d'oser le féliciter « d'unir en sa personne le caractère de prêtre et celui de chef de famille. »

A la Terreur, pendant la suspension du culte, Diot s'était retiré à Champigny. Il ne repartit à Reims qu’après la loi de prairial an III. À cause des difficultés soulevées par le partage de la cathédrale entre les insermentés et les assermentés, Diot et ses vicaires épiscopaux étaient en conflit retentissant et scandaleux aux fêtes de Pâques de l’an IV.

« Au matin du 14 vendémiaire an V, l'évêque Diot et ses prêtres ont fait constater par des officiers de santé si les os du premier archevêque de Reims tant remués et confondus par les terroristes étaient anciens ou non. Le concours du peuple était très considérable et le procès verbal fut fort bien fait. » [84]

Le 8 brumaire suivant, Diot tint un synode à la cathédrale. Le 2 pluviôse an VI, il remplissait à Ville-en-Tardenois les fonctions de curé ; il y a prêté le serment de fructidor, et recevait, le 23 ventôse, l'autorisation de percevoir à Ville sa pension de 800 livres.

« Le 8 thermidor an IX, le citoyen Diot évêque métropolitain du Département de la Marne, est comparu devant le Maire de Reims. A dit que quittant le domicile de la commune de Ville en Tardenois (où il s'est retiré depuis quatre ans et huit mois) il est venu le reprendre en cette Ville où il est arrivé le 15 messidor dernier et demeure rue Brûlée et désire obtenir en cette Ville les droits de citoyen aux offres qu'il fait de contribuer à ses charges. Signé DIOT, JOBERT. »

Il est juste de faire remarquer que Diot avait offert, le 1 floréal an X, de se démettre « d'une place que le bien de la religion, disait-il, lui avait seul fait accepter et qu'il lui serait doux de sacrifier pour cette même religion ». Abnégation tardive, mais méritoire.

Diot ne quitta plus Reims où la mort vint le saisir le 10 nivôse an XI. « Depuis plusieurs mois, les douleurs de la maladie, loin d'abattre son courage mâle et vraiment chrétien, l'avaient fortifié contre les horreurs de la mort » [85].

Au décès de Nicolas Diot, le projet de lui élever un monument par souscription avait circulé dans Reims et on avait même écrit à l'évêque de Meaux pour l'engager à souscrire. Or, le 4 nivôse an XII, le conseiller d'État chargé des affaires du culte écrivit à ce sujet au préfet de la Marne. Voici ses observations :

« Cet acte pourrait troubler la tranquillité publique, réveiller d'anciennes querelles et donner une nouvelle activité à des haines mal éteintes. Si le Gouvernement a interdit la publication de tout écrit relatif aux affaires religieuses, sauf approbation du Préfet, il en faut dire autant d'une inscription solennelle sur un monument, quand elle rappellerait des controverses qu'il serait dangereux de faire revivre. Les évêques non employés ont eux-mêmes la défense de porter les décorations extérieures de l'épiscopat afin de prévenir les rivalités entre les prêtres ou les fidèles de différentes opinions. Il ne faut pas que le prétexte de rendre des honneurs aux morts devienne un objet de querelle entre les vivants. Aussi le Préfet était-il invité à suspendre à Reims tout ce qui serait un germe de troubles et de discordes jusqu'à ce que le Gouvernement eût prononcé. » [86]

Après avoir fait connaître l'homme privé, il faut brièvement apprécier son administration.

Les ordinations « connues faites par l'évêque de la Marne seront rappelées plus loin.

Quelques lettres pastorales de Diot ont été conservées :

Un « Discours d’un ecclésiastique fonctionnaire public du District de Reims » dont on lui a attribué, peut-être témérairement, d'être l’auteur [87]. Il y présente la Constitution français « comme empreinte du sceau de la Divinité » ; — une lettre de remerciement aux électeurs de la Marne (19 mars 1791) ; — une lettre à Mgr de Talleyrand pour exposer les motifs qui l'ont déterminé à accepter l'épiscopat (28 mars) ; — une lettre quelque peu acerbe à l’abbé Gangand après qu’il eut refusé la charge épiscopale (22 mai) ; — une lettre d’inauguration du 16 mai 1791 ; — un discours du 26 juin de la même année au sujet de la fuite de Louis XVI ; l'évêque la nomme « une indiscrète défection ». Il en voit surgir « un essor plus rapide de la liberté ». Il célèbre l'ardeur que les gardes nationaux et les administrateurs ont dépensée pour s'opposer à la fuite du roi. — Au 2 octobre 1791, Diot a prescrit un Te Deum à cause de l'acceptation de la Constitution par le roi. Mais il y mêlait pour les insermentés de durs reproches injustes et immérités :

« Oseront-ils s'opposer, à la Constitution des lévites séducteurs ou séduits dont le fanatisme couvre de honte le corps sacerdotal et fait à la religion une plaie peut-être irréparable ? »

Le mandement du Carême du 25 janvier 1793 était consacré à recommander la pénitence du Carême. — Au 1er germinal an III, Diot a exposé à ses ouailles les bienfaits de la loi qui venait d'autoriser cette circonstance [88]. — Deux lettres terminent cette série des instructions pastorales : un Mandement du 3 ventôse an IX qui prescrivait un Te Deum pour la paix du continent et l'indiction d'un Synode afin de préparer le Concile national (23 nivôse an IX).

Avec ces documents les Archives ont conservé un intéressant projet daté du 11 vendémiaire an V pour organiser un Presbytère, c'est-à-dire, un Conseil d'administrateurs diocésains ; ce qui nous ramène à faire connaître les coopérateurs de l'évêque de la Marne d'abord avant 1793, puis au rétablissement du culte public, le 11 vendémiaire an V.

Le nombre des vicaires épiscopaux et leurs attributions avaient été réglés par la loi du 12 juillet et 24 août 1790, articles 9 et 14 du titre 1er :

      Article 9 : « Dans les villes supérieures à 10.000 âmes, il y aura 16 vicaires de l'église cathédrale ».

On sait que les cathédrales étaient érigées en paroisses dont l'évêque devenait le curé.

      Article 14 : « Les vicaires des églises cathédrales, les vicaires supérieurs et vicaires directeurs du séminaire formeront ensemble le conseil habituel et permanent de l'évêque. qui ne pourra faire aucun acte de juridiction en ce qui concerne le gouvernement du diocèse et du séminaire, qu'après en avoir délibéré avec eux. »

Les vicaires épiscopaux tenaient donc la. place des anciens vicaires généraux avec cette importante remarque qu'ils devaient être obligatoirement consultés.

Depuis l'installation du 15 mai 1791 jusqu'à la Terreur de 1793, seize vicaires épiscopaux ont partagé avec Nicolas Diot l'administration de l'évêché de la Marne et le soin de la paroisse de Notre-Dame :

François Remi Gangand et Remi Guillaume Lefils ; ils ont été étudiés avec les chanoines de Saint-Symphorien.

Antoine Bertin et F. de Torcy.

Martin Braidy, né à Murtin le 28 septembre 1753, ordonné à Noël en 1777 et gradué, avait commencé par être vicaire à Herpy. En 1790, il était directeur des Religieuses de Lanson quand il fut appelé à devenir vicaire épiscopal de la Marne, le 15 mai 1791. Après octobre 1792, on ne trouve plus sa signature dans les registres de Notre-Dame qui venaient d'être remis à la municipalité, le 22 septembre. Braidy avait été peu de temps aussi directeur au Séminaire de la Marne. Le 21 juin 1793, il quitta Reims pour se rendre à Charleville. En frimaire an VI, Braidy exerçait à Voncq les fonctions du ministère et il a fait alors le serment de fructidor. En l'an X, une pétition de Voncq demandait son changement. Il y fut pourtant maintenu en messidor an III. Il y était encore inscrit, en 1817, avec pension de 267 fr. Braidy est mort le 20 septembre 1819 [89].

Blaise Cartier était né le 5 août 1751, à Roanne (Loire). Il desservait la paroisse d'Ève, au diocèse de Paris, avant de devenir vicaire épiscopal de la Marne. Il fut installé, le 15 mai 1791, en même temps que l'évêque et après avoir prêté le serment à Notre-Dame. Cartier était affilié aux Jacobins de Reims et présida plusieurs fois leurs séances. Le 26 août 1792, il a été l'un des délégués chargés de nommer les membres de la Convention. Le 28 septembre, il faisait le serment de liberté.

Au moment où Notre-Dame fut dépouillée de son trésor, Cartier s'est plaint au Ministre de l'Intérieur « que les officiers municipaux eussent enlevé de l'église métropolitaine l'or, l'argent et les pierres précieuses, sans rien peser, ni estimer, ni inventorier ». Le Conseil de Reims, « pour toute réponse à l'odieuse calomnie du sieur Cartier », fit représenter les procès-verbaux d'enlèvement (19 octobre), de pesée (13 novembre) « à la suite des opérations nécessaires pour séparer les matières précieuses des corps étrangers avec lesquels elles étaient mêlées » et enfin le procès-verbal du 11 novembre qui constatait « que les châsses dégarnies avaient été remises au sacristain et que les pierreries détachées avaient été conservées dans une boite... » L’expédition de ces témoignages devait être faite au district, et par lui au département et au Ministère. Le 20 février 1793, le Conseil de Reims délibérait de nouveau sur cette inculpation :

« Si la pesée n'avait pas été faite, c'était en raison du long temps qu'elle aurait exigé et du soulèvement populaire qu'elle aurait déchaîné... Cette irrégularité due aux circonstances n'aurait pas dût être signalée au Ministère » [90].

Cartier répliquait « qu'il ne soupçonnait point les commissaires municipaux, mais que l'abus lui avait paru devoir être signalé pour empêcher qu'il devint général ». Cartier fit partie de la légion des volontaires de Reims en mars 1793, et devint quartier-maître du bataillon des chasseurs de Reims. À la suppression des vicaires épiscopaux, il recevait une pension de 800 livres. Il a abjuré et s'est marié le 12 vendémiaire an IV. Le 1 germinal an V, lui fut délivré un passeport pour aller prendre domicile à Paris. En 1817, Cartier résidait à Lorret-le-Bocage (Seine-et-Marne), avec pension de 267 francs comme ex-vicaire épiscopal[91].

Jean-Baptiste Mamert Chassaut, vicaire épiscopal de la Marne, n'a laissé autre souvenir de son passage à Reims que la prestation de serment du 28 août 1791.

Philibert Duval était religieux prémontré. Depuis 1783, il avait succédé comme curé de Wagnon à l'un de ses frères en religion nommé Nicolas Jouette. Il a été tiré de sa paroisse pour devenir vicaire épiscopal de la Marne et il a fait serment en cette qualité à Notre-Dame de Reims, le 28 août 1791. Duval exerçait les mêmes fonctions en 1792 et disparut à la Terreur [92].

Henri Engrand avait appartenu au couvent des Bénédictins de Saint-Nicaise. Né à la Ferté-Milon le 12 décembre 1753, il avait fait profession à Saint-Denis le 12 décembre 177I. Après avoir enseigné rhétorique au couvent de Laon, il était venu à Reims professer la philosophie et la théologie. Il déclara que son intention était de quitter la vie commune et une pension de 900 livres lui fut assignée sur les biens de Saint-Nicaise [93].

Choisi par Diot comme vicaire épiscopal, Engrand a fait le serment à Notre-Dame le 15 mai 1791. Il a prêté aussi celui de 1792, le 15 septembre. Depuis l'an II, il avait abandonné toute fonction ecclésiastique. Il consacrait ses soins particuliers à former la bibliothèque de la ville de Reims. Ainsi, au 5 messidor an III, le Conseil ordonne de rembourser 1.665 livres à Engrand qui est allé à Paris au sujet de l'établissement à Reims d'une école centrale et de la bibliothèque à l'évêché. Sa pension en l'an IV était de 800 livres. Il n'a pas fait de déclaration pour reprendre le culte. Le serment de fructidor est du 29 nivôse an VII ; Engrand habitait alors rue de l'Université ; il a fait acte de soumission en l'an VIII. Le 21 pluviôse an XII, Engrand était nommé bibliothécaire de la Ville de Reims avec Bergeat pour adjoint. Il a donne sa démission en 1805. Ses loisirs furent employés à l'établissement d'un pensionnat de demoiselles. Engrand est mort à Reims, rue du Bourg Saint-Denis, 27, le 10 octobre 1823, à 70 ans. Il est enterré au cimetière du Nord [94].

Jacques David Guillot, né à Saint-André de Verdun le 13 décembre 1744, a été ordonné prêtre à Reims, en 1769, comme religieux chartreux au couvent du Mont-Dieu où il avait fait profession le 17 novembre 1763. Guillot fut appelé à devenir vicaire épiscopal de la Marne et fit le serment constitutionnel à l'installation de l'évêque, le 15 mai 1791. Il a prêté encore le serment de 1792, le 1er octobre ; ses fonctions furent poursuivies à Notre-Dame jusqu'à la Terreur. Il continua de séjourner à Reims où lui était versée sa pension de 800 livres. Au 15 vendémiaire an V, Guillot résidait rue de la Poissonnerie, 10 ; il a déclaré vouloir exercer à la cathédrale les fonctions du culte. Il s'est soumis à la loi de l'an V, le 27 fructidor, et à celle de l'an VIII, le 9 pluviôse. Guillot faisait partie du Presbytère épiscopal créé en l'an V.

Avant de devenir vicaire épiscopal de la Marne, Jacques Nicolas Louvard avait été curé de Chesne, au diocèse de Chartres. Il a prêté le serment constitutionnel à Reims, le 31 juillet 1791, et n'a quitté cette ville qu'à la suppression de sa charge, le 30 juillet 1793 [95].

Ghislain Joseph Marmouzet, né à Biache (Nord) le 8 décembre 1737, avait fait profession chez les religieux capucins de Reims, le 17 avril 1757. Il était devenu le père gardien de son couvent sous nom de Père Charles de Doncy. Il a déclaré en 1791 qu'il sortirait de la vie commune. Le 10 juillet 179I, il fut employé à Saint-Pierre de Reims comme vicaire constitutionnel et, avant la messe de paroisse, il en prononça le serment. Au mois d'août 1792, il l'a renouvelé en qualité de vicaire épiscopal de la Marne.

Aussitôt après la réaction de thermidor, Marmouzet a rempli les fonctions du ministère à Rosnay. Il était, au 11 vendémiaire an V, membre du Presbytère épiscopal. Toutefois à l'enquête de nivôse an VI, on a constaté que le serment imposé par la loi de 1792 à tous les ecclésiastiques pensionnaires n'avait pas été inscrit et que la déclaration prescrite pour exercer le culte était absente. Marmouzet, bien qu' « étant très valétudinaire », poursuivit à Rosnay les fonctions de « ci devant curé ». Il y a prêté le serment de fructidor, le 29 fructidor an VI. Le 29 messidor an XI, l'évêque de Meaux l'a maintenu dans la paroisse de Rosnay. Marmouzet est mort à Reims, rue de la Buchette, le 3 mars 1811, à 73 ans.

François Oudinot, né à Saint-Pierre de Moulins, diocèse de Soissons, le 6 avril 1742, a été ordonné à Reims en 1767. Il était pourvu de ses grades. Depuis 1768, il était. professeur de quatrième Collège de Reims et chapelain de Notre-Dame depuis le 22 mars 1788, lorsqu'il fut appelé à devenir vicaire épiscopal de l’évêque de la Marne auprès duquel ses fonctions furent celles de secrétaire. Oudinot avait fait le serment constitutionnel, le 15 mai 1791, et parait avoir gardé son titre jusqu'à la Terreur. En 1817, sa résidence était à Paris où lui était assignée une pension de 333 francs comme ancien vicaire.

Nicolas Servant, né à Fismes le 11 février 1742, avait été ordonné à la Trinité en 1766. Après avoir été auxiliaire du curé de Courlandon et vicaire à Autrecourt un an et demi, il était revenu au Temple de Reims pour se préparer aux grades théologiques. Il obtint le litre de docteur en 1772. En avril 1773, Servant avait été nommé curé de Nanteuil-la-Fosse où le trouva la Révolution. Il avait acquis une certaine notoriété, d'abord à cause d'une requête adressée au Roi pour demander que le clergé des campagnes fût représenté aux États généraux par de simples curés ; puis par l'adhésion qu'il donnait aux projets de l'Assemblée nationale relatifs à la Constitution civile du clergé ; il s'en était fait l'apôtre dans divers opuscules dont le but est de montrer qu'il n'y a pas d'opposition essentielle entre la foi catholique et le projet d'imposer aux prêtres un serment de fidélité à la Constitution [96].

Choisi pour vicaire épiscopal de la Marne au retour de Nicolas Diot qu'il avait accompagné depuis Paris jusqu'à Reims, Servant fit le serment constitutionnel à Notre-Dame, le 15 mai 1791. Il s'est occupé très activement de la paroisse jusqu'à la Terreur. Il avait fait le serment de liberté, le 1er octobre 1792. Pendant l'interdiction du culte à Notre-Dame, il avait ouvert chez lui un oratoire dans la Cour du Chapitre, n° 8 : la Société populaire le fit fermer malgré les énergiques réclamations de Servant que sa fermeté fit emprisonner pendant plusieurs mois. À sa libération, Servant ouvrait de nouveau son oratoire, le 14 germinal an III. Il a fait sa déclaration pour le culte, le 18 vendémiaire an IV, et reprit à Notre-Dame les exercices publics que célébraient, non sans troubles, les prêtres insermentés et assermentés à des heures différentes et avec leurs partisans rivaux. Servant fut appelé de nouveau à la charge de conseiller diocésain en l'an V. Le 15 novembre 1796, Servant, Antoine Bertin et Nicolas Dumont avaient jeté les premières bases d'un projet de soumission du clergé assermenté à l'autorité de Mgr de Talleyrand ; mais il ne put aboutir. Après avoir pris part au Concile national de 1801, Servant s'est soumis à l'autorité de Mgr de Meaux. Il a prêté le serment de fidélité au Concordat, le 27 floréal an XI, au titre de vicaire de Notre-Dame de Reims. Le 29 septembre 1805, il est mort subitement à Nanteuil-la-Fosse, son ancienne paroisse, et il y a reçu la sépulture.

François Humain Soleau, chanoine régulier, était prieur-curé d’0ger lorsqu'il a été nommé vicaire épiscopal de la Marne. Bien qu'il eût fait dans sa paroisse le serment constitutionnel le 16 janvier 1791, Soleau l'a renouvelé à Notre-Dame de Reims le 15 mai, avec l'évêque et avec ses collègues. À l'abolition du culte, il voyageait dans les pays vignobles comme négociant et il est inscrit parmi ceux qui s'étaient mariés [97].

Jean-François Sommé, né à Sévigny-la-Forêt le 27 décembre 1757, a été ordonné le 21 décembre 1782. Sa première destination fut d'être vicaire de Verzy, de 1783 à 1786. Il habita ensuite Paris comme précepteur chargé d'une éducation particulière jusqu'en 1791.

Choisi pour vicaire épiscopal de la Marne, Sommé a fait serment à Notre-Dame, le 15 mai 1791. Le 22 février 1792, il avait demandé à être reçu membre du club des Jacobins de Reims. Il fit partie de la levée de février 1793 et tomba au sort en mars suivant. Au 15 septembre 1793 lui fut délivré un passeport pour Sévigny. En l’an III, Sommé résidait à Verzy, ayant donné le scandale d'un mariage. Veuf en 1796, il s'était marié de nouveau en 1806. Or, touché de remords, le malheureux réclamait alors de l'Église le pardon de ses fautes. Malgré ses instances et celles de son frère, le cardinal-légat dut leur imposer un refus, « le second mariage étant postérieur au 15 août 1801 ». Enfin en 1835 fut tentée une nouvelle instance : le coupable était fort vieux, infirme, misérable, avec trois enfants à sa charge. Le pardon de l'Église lui fut accordé. En 1817 c’est à Châlons-sur-Marne que Sommé recevait une pension de 267 francs comme ex-vicaire épiscopal[98].

Antoine Joseph Bastien est plus connu sous le nom de Bastien Tonus. Bien qu'il soit inscrit comme ayant pris naissance à Treslon, paroisse du diocèse de Cambrai, le nom porté sur les registres de l’état civil est celui d'0hain (Nord). Il a été ordonné à Reims le 18 décembre 1779. Bastien avait été reçu docteur en théologie en 1784, et professa le cours de philosophie au Collège de Reims jusqu'en avril 1786. À cette date, 7 avril, il a été installé curé de Thugny, où il succédait à Pierre Martin Defer. Après hésitation, il se détermina comme curé à prêter le serment de 1790. Diot l'avait choisi pour vicaire épiscopal en 1792 ; aussi a-t-il renouvelé le serment en cette qualité, le 17 mai 1792, jour de l’Ascension, dans la chaire de Notre-Dame.

Bastien avait fondé, en mars 1793, avec Vitu, curé constitutionnel de Saint-Pierre de Reims, un journal appelé le Manuel du Citoyen. Un y trouve les curieux détails suivants :

« En visitant des parents qui habitaient à Neufehâtel-sur-Aisne, Bastien avait assisté à un salut de Carême. Après le chant des psaumes, le curé de la paroisse a lu l'adresse d’Isnard sur le recrutement… Ensuite une voix a chanté l'hymne des Marseillais dont le refrain était répété par 300 personnes [99].

On sait que le 16 brumaire an II fui célébré à la cathédrale son scandaleux mariage dont l'évêque osa le féliciter. Le 20 brumaire, Bastien était reçu membre des Jacobins de Reims et déclarait en prononçant son serment « n'être plus ni théologien ni prêtre ». Il est allé, le 25 brumaire, se vanter à la barre de la Convention de ce défi à l'opinion dont son union sacrilège était la preuve :

« Malgré tous les préjugés de l'aristocratie et du fanatisme, il a épousé une sans-culotte. Fidèle adorateur de la patrie et de la nature, il répudie l'absurde prérogative de docteur en théologie. »

Le 19 nivôse an II, son journal annonçait que Bastien « ancien professeur en la ci-devant Université de Reims, ouvrait une école nationale, place Saint-Pierre-les-Dames, n° 1 ». Le 23 pluviôse an II, il présentait un fils à la société des Jacobins. Il leur proposait, le 19 ventôse suivant, de brûler avec un livre d'armoiries dix volumes de théologie, « restes gothiques de l'ancienne école où la déraison dictait ses lois et enseignait ses chimères [100] ». Bastien se soumit à la Constitution de l'an VIII. Sa pension fut liquidée à 800 francs le 25 prairial an III.

Antoine Bizet n'est connu que par le serment qu'il a prêté à Notre-Dame de Reims, le 1er janvier 1792, avec Robert François Bichat et Nicolas Thibault, comme vicaire épiscopal et directeur du petit Séminaire de la Marne. Au 28 juillet .1793, il avait demandé à faire partie de la Société populaire de Reims :

« Heureux si, par ses faibles lumières, il pouvait contribuer à dissiper les nuages que les ennemis de la chose publique cherchent à répandre sur notre sage et sublime Constitution. »

Dans une lettré du 29 messidor an II, Bizet, ex-vicaire épiscopal, exposait ses sentiments au Conseil de Reims :

« Il désirait se rendre utile à la patrie et sortir de la classe des gens oisifs qui consument à ne rien faire une pension qu'ils ont gagnée en ne faisant rien. Étant dans un besoin urgent de pourvoir à son existence, pauvre du côté de sa famille, ayant été fait prêtre sous les auspices de la nation et ayant abdiqué lorsqu'elle a paru le vouloir, il demandait à être employé aux travaux dont pouvait disposer la municipalité rémoise. »

La requête ne fut pas admise. Cependant, au 19 frimaire an IV, le nom de Bizet était encore sur la liste des pensionnaires de Reims. Il recevait 800 francs [101].

Tels ont été, jusqu'à 1793 seulement, les coopérateurs de l'évêque de la Marne à Notre-Dame et dans le gouvernement du diocèse. On atteignit l'an V sans aucune organisation connue.

Le 11 vendémiaire an V fut institué, sous le nom de Presbytère, un nouveau Conseil pour concourir avec l'évêque Diot à l'administration du diocèse. Les anciens vicaires épiscopaux Lefils, Servant, Guillot, Marmouzet, François Remi Gangand, Antoine Bertin et de Torcy furent appelés de nouveau à faire partie du Presbytère de l'an V. On leur adjoignit cinq membres du clergé paroissial proprement dit : Sereine, curé de Saint-Rémi ; Courtin, curé de Saint-André ; Lagrange [102], curé de Trépail qui desservait provisoirement Montbré ; Masson, curé de Beine, et Malot, curé de Cormontreuil. L'abbé Menonville, desservant de Saint-Jacques, remplissait dans ce Presbytère épiscopal les fonctions de secrétaire. L’installation en avait été fixée au 4 octobre 1796 ou 13 vendémiaire an V. Une réunion hebdomadaire devait avoir lieu tous les mardis au domicile de Servant, cour Chapitre.

Telle a été jusqu'au Concordat la nouvelle administration diocésaine du clergé constitutionnel à Reims. Les nouveaux membres de ce Conseil auront leur notice à leur emploi particulier.

Paroisse de Saint-André, de 1791 au Concordat

Henri Thomas Deleine, curé assermenté de Saint-André, avait succombé le 12 mars 1792. La vacance de la paroisse a été signalée aux électeurs du district par Jouvant, procureur-syndic, le 28 juin 1792. Ils étaient invités à y pourvoir, le 15 juillet, date fixée pour leur réunion à Reims dont le procès-verbal a disparu [103].

Au 22 juillet suivant, la paroisse l'ut confiée aux soins de Gabriel Marin Courtin.

Né à Vendôme (Loir-et-Cher) le 8 décembre 1756, Courtin avait embrassé la vie religieuse chez les Bénédictins. Il avait fait profession à Saint-Denis le 19 décembre 1777 et on l'avait envoyé à Reims au couvent de Saint-Nicaise où il avait, en 1791, la charge de dépositaire. Courtin déclara qu'il quitterait la vie commune. Une somme de 900 livres lui fut assignée sur les ressources de l'abbaye et, le 29 mars 1791, il devenait vicaire de l’abbé Macquart, curé assermenté de Sainte-Marie-Madeleine. Lui-même fit le serment à son entrée en charge, le 29 mars. C'est là que vint le trouver sa nomination à la cure de Saint-André.

En dépit du serment constitutionnel qu'il avait dû renouveler, le 22 juillet, à son installation comme curé, et du serment de liberté qu'il avait prêté, le 12 septembre 1792 ou le 22 août d'après l'enquête de l'an VI, Courtin demeurait suspect aux jacobins de la section de Cérès. Le 19 nivôse an II, il fut dénoncé « pour aller dire la messe à Bétheny » ; on reconnaît pourtant qu'il n'a pas engagé ses anciens paroissiens à y assister. Le 26 nivôse : « Courtin ex curé des faubourgs a refusé dans son assemblée de mettre le bonnet rouge ou ne l'a mis que contraint. » La dénonciation venait du Contrat social. Le 23 messidor, la section de Mars le soupçonnait aussi :

« Prendre tous les renseignements possible et par écrit pour découvrir si Courtin ne continue point son métier de charlatan, en baptisant les enfants, relevant les femmes en couches, confessant, communiant les personnes qui ne peuvent qu’être induites en erreur par l’astuce du régime sacerdotal qui s'opère clandestinement chez lui et dans l'obscurité[104]. »

Dès le 2 germinal an III, Courtin qui demeurait rue du Faubourg Cérès, 84, informa le Conseil de Reims « qu'il dirait la messe chez le citoyen Aubry, cultivateur, même rue, 61 ». Sa déclaration, précédée des formalités requises, a été enregistrée le 18 vendémiaire an IV. Le 2 messidor an III, « en vertu de la loi du 11 prairial an III qui rendait aux paroissiens l'usage de leur église, Courtin exerça publiquement et paisiblement à Saint-André [105]. En. instituant le Presbytère épiscopal de vendémiaire an V, Diot l'avait appelé dans son Conseil. On avait inséré ; dans les journaux de Reims, le 26 prairial an V, que l'assemblée avait admis le rétablissement de l'usage des cloches : aussi les offices de Saint-André avaient-ils été sonnés le 27 prairial. Courtin et ses employés furent inquiétés à ce sujet au 1er messidor. Le serment de l'an V avait été fait le 29 fructidor ; Courtin s'est soumis à la Constitution de l'an VIII et avait ainsi atteint l'époque du Concordat, tenant régulièrement sa paroisse. À Saint-André ont été fidèlement inscrits les baptêmes et les premières communions qui avaient été célébrés entre 1792 et le Concordat. Le 27 floréal art XI, il fit l'acte d'adhésion comme vicaire de Notre-Dame. En 1807, il était chapelain de l'Hôtel-Dieu. Il a été chanoine honoraire. Courtin est mort, le 31 août 1829, à Reims rue de l’École de Médecine, à l'âge de 72 ans et demi [106].

 

      Depuis novembre 1792, Cabochard était vicaire de Saint-André. Sa notice est donnée à Saint-Brice, banlieue de Reims.

Paroisse de Sainte-Marie-Madeleine, 1791

      Jusqu'au 4 floréal an II, Sainte-Marie-Madeleine, dont la circonscription était accrue de l'ancienne population de la paroisse de Saint-Jacques, continua d'être administrée par J.-B. Macquart, décédé à cette date. En plus de Gabriel Marin Courtin qui avait été vicaire de la paroisse jusqu'à sa promotion à Saint-André, les autres auxiliaires de J.-B. Macquart ont été :

 

      Anne Marie Jean Billet, né à Reims le 9 novembre 1759, précédemment religieux bénédictin à Saint-Vincent de Laon. Son passage à Sainte-Marie-Madeleine fut très court, du 26 juin 1791 où il a fait le serment constitutionnel jusqu'à la fin d'octobre suivant ; car, ayant été élu curé constitutionnel de Saint-Hilaire le Grand en place de Pierre Carré, Billet y fut installé solennellement, le 13 novembre 1791, et passa, le 30 octobre 1792, à la cure de Sermaize. Son nom s'est retrouvé à Reims au 6 prairial an X, où il a prêté le serment concordataire, et au 25 thermidor an X, où il déclara n'avoir recueilli ni donation, ni héritage depuis sa sortie du couvent. Au 23 floréal an XI, Billet fut nommé curé de Sarcy et de Poilly. En août 1805, il desservait Cuchery. Le 1er avril 1812, il était transféré à Verneuil, où, en 1817, il recevait une pension de 267 francs comme ancien religieux.

 

      Jean-Louis piÉton fut également vicaire à Sainte-Marie-Madeleine. Il fait serment pour inaugurer ses fonctions le 26 juin 1791. Le 30 octobre 1791, à la suite d’intrigues scandaleuses, il se fit nommer curé constitutionnel de Coupéville [107].

 

      Pierre Claude Collignon, né le 9 décembre 1767, a inauguré ses fonctions à la Madeleine, le 18 décembre 1791 ; il a même fait à Reims le serment de liberté, le 18 août 1792. Nommé, en septembre 1792, curé de Mincourt, qui refusait un prêtre assermenté, il était transféré, dès novembre 1792, à Sogny-en-l’Angle [108].

 

      Nicolas Menonville, né à Alliancelles le 27 août 1767, avait été ordonné par Diot en 1791. Depuis décembre 1791 il était vicaire de Sainte-Marie-Madeleine. Il en a été l’administrateur après la mort de J.-B. Macquart. Lorsque le siège de la paroisse fut transféré à Saint-Jacques, le 25 fructidor an IV, le soin de cette nouvelle organisation lui a été confié jusqu'au Concordat [109]. Menonville avait prêté le serment constitutionnel, le 18 décembre 1791 ; le serment de 1792, le 21 août. Sa pension était de 800 livres. Dès le 15 germinal an III, il déclarait à la municipalité de Reims « qu'il célébrerait dans une des granges de la maison de la veuve Leclerc, au faubourg d'Epernay, n° 2 ». Sa demande officielle fut enregistrée le 17 vendémiaire an IV ; il habitait alors rue de Vesle, 85. Son serment de l'an V est du 25 fructidor. Entre 1797 et 1801, l'abbé Menonville fut chargé auprès de l'évêque de la Marne des fonctions de secrétaire. Il était très populaire et très estimé. Le 27 floréal an XI, il a fait acte d'adhésion au Concordat comme vicaire de Saint-Jacques ; il en a conservé les fonctions jusqu'en 1822, avec pension de 267 francs, cl a été nommé curé de Sermaize. Déjà soumis légitimement à l'autorité de l'évêque de Meaux, M. Menonville a tenu à signer, le 27 août 1817, une déclaration de soumission au Saint-Siège. Et même la jugeant trop peu explicite, il l'a renouvelée, le 11 août 1822, en face de Il. Savar, curé de Saint-Jacques, de l'abbé Courtin, alors vicaire de Notre-Dame, et du chanoine Anot. Il est mort dans sa paroisse de Sermaize, le 25 janvier 1836 [110].

Paroisse de Saint-Maurice, 1791

      En place de Claude Nicolas Bonnette, déclaré déchu pour refus de serment, avait été élu « provisoirement », le 26 mai 1791, Claude Antoine Corda, comme curé constitutionnel de Saint-Maurice. Corda est né le 9 mai 1761 aux environs de Vitry-le-François. Il avait été ordonné dans la chapelle des Annonciades de Varennes, le 22 septembre 1787. Il faisait partie des Doctrinaires de Vitry-le-François. Le 5 juin, c'est le vicaire épiscopal Lefils qui avait inauguré à Saint-Maurice les offices célébrés par les constitutionnels. Mais Corda a été installé très solennellement curé de Saint-Maurice et y a fait le serment le 12 juin 1791. Il a prêté le serment de liberté, le 1er octobre 1792. Sa pension était de 800 livres. En 1792, Corda cessa tout ministère, s'est marié et s'est établi marchand de vin, rue de la Couture, 38, « ayant patente ». Versificateur plutôt que poète il a fait insérer plusieurs de ses essais dans les Annuaires de la Marne de 1822 et 1823 [111].

 

      Jean Caunois, vicaire paroissial, était né à Vitry-sur-Marne le 16 décembre 1766, et avait été nommé à Saint-Maurice le 19 juin 1791. Il fit. aussi à Reims le serment de liberté, le 20 août 1792. Nommé curé constitutionnel de Corbeil (Marne) le 28 novembre 1792, Caunois ne paraît pas avoir accepté. Au 5 août 1793, il circulait de Reims à Paris et autres lieux. En l'an II, il cessa tout ministère. Le 21 thermidor an II, il assistait au club des Jacobins de la section de la montagne :

      « Comparution du citoyen Cannois si devant vicaire Maurice... S'était présenté hier, pour obtenir, une attestation de civisme... Est venu s’asseoir dans l’assemblé… »

      Le certificat de civisme lui fut délivré. Cannois s'est marié, le 17 pluviôse an III ; il était alors marchand de vin, ayant son domicile rue Neuve. Le serment de fructidor fut prêté le 29 nivôse an VII. En 1817, Caunois avait été admis à une pension de 267 francs [112].

 

      Jean-Nicolas Euverte Dupont, né à Broyes (Marne) le 6 septembre 1767, ne fut vicaire de Saint-Maurice que depuis le 4 octobre 1791 jusqu'au 13 janvier 1792. Il avait été nommé curé constitutionnel de Romain, mais fut transféré à Broussy-le-Grand, le 29 novembre de la même année. En 1817, il y recevait encore une pension de 267 francs [113].

 

      Nicolas Claude Villé, né à Reims le 22 novembre 1766, ordonné le 2 juin 1792, après avoir été religieux bernardin à Ourscamp, avait été désigné pour vicaire de Saint-Maurice, le 3 juin, et dut exercer momentanément à Saint-Rémi, puis à Bourgogne. D'après l'enquête de l'an VI, il n'avait pas fait de serment constitutionnel. Le serment de liberté était du 2 octobre. Villé est passé de Bourgogne à Berry-au-Bac. Toutefois, en l'an III et en l'an IV, il était inscrit à Reims pour la pension. En vendémiaire an V, il demeurait à Reims, rue de l'Esplanade, 1, et voyageait vers Paris, Compiègne et Noyon. C'est aussi à Reims que Villé se soumit au serment de fructidor, le 4 frimaire an VI. Il n'avait fait aucune déclaration pour y exercer le culte. Il avait été admis à une pension de 267 francs, quand, le 1er octobre 1815 il a été chargé de desservir Villedommange, où il est mort le 13 mars 1820.

 

      Thierry Bouré, né le 16 mai 1771 à Reims, avait été ordonné le 16 mars 1793, à Reims, après avoir été surveillant au Collège de Péronne. Il fut nommé vicaire de Saint-Maurice, le 19 mars 1793, et exerça jusqu'à la Terreur. Au 22 octobre 1793, il allait pour affaires à Beaurieux. En l'an III, Bouré figurait encore pour 800 livres sur l'état des pensionnaires de la Marne. Au 17 vendémiaire an IV fut faite sa déclaration pour exercer le culte ; il était alors domicilié rue de l'Étape. On ne trouve plus son nom après messidor an IV. Au Concordat, Bouré fut nommé desservant de Guyencourt, où il recevait une pension de 267 francs, puis de Maizy-sur-Aisne, et de Cuffies, prés Soissons. Il était en dernier lieu curé de Neufchâtel-sur-Aisne où il a pris sa retraite et il est mort le 27 octobre 1852, à 82 ans [114].

 

      Le 23 août 1795, Ludinart avait célébré la Saint-Timothée, à Saint-Maurice [115].

      Entre l'an IV et le Concordat, les soins religieux ont été rendus aux paroissiens de Saint-Maurice par Jean-Charles Joseph Lefebvre dont la notice se trouve aux chanoines de Sainte-Balsamie.

Paroisse de Saint-Pierre, 1791

      Comme Nicolas Malherbe avait refusé le serment, les électeurs du district firent choix, le 26 mai 1791, d'Armand François Vitu comme curé de Saint-Pierre-le-Vieil. D'abord chanoine de la Collégiale de Saint-Nicolas de Sézanne, principal du Collège de cette ville et desservant de Saint-Remy-sous-Broyes, Vitu avait prêté déjà le serment constitutionnel à Sézanne, le 9 janvier 1791. Il avait accompagné son serment d'un discours pompeux et l'avait fait suivre des chants du « Domine, salvam fac gentemlegem et enfin salvam fac regem. » Son installation à Saint-Pierre de Reims et son nouveau serment eurent lieu le 5 juin 1791. Son ministère a duré jusqu'à la Terreur ; il était confié principalement aux vicaires de la paroisse. C'est que Vitu était notable de la commune de Reims jusqu'au 7 octobre 1793, époque où l'on déclara qu'aux yeux de la loi le mandat d'officier municipal était incompatible avec celui de ministre du culte. 0r, durant cet intervalle, Vitu avait donné aux affaires publiques la plus grande part de son temps. Vitu avait fait le serment de 1792, le 17 août. Au mois de mars 1793, il collaborait avec Bastien Tonus à la rédaction du journal le Manuel du Citoyen qui cessa de paraître vers la fin de 1793, « à cause des nombreux voyages que nécessitait pour Vitu la pénurie des subsistances à Reims [116]. » 0n rencontre aux Archives du district de Reims l'intéressant épisode suivant :

      « Les instruments de physique qui sont déposés au ci-devant augustins courent risque de se dégrader attendu qu'il n'y a point de professeur de physique qui puisse en prendre soin, le professeur actuel étant aux frontières Le District instruit que le Citoyen Vitu curé de Saint-Pierre peut disposer dans son presbytère d'une chambre vaste et saine où on puisse les placer, connaissant sa bonne volonté pour prendre soin desdits instruments, arrête qu'ils seront transférés audit presbytère de Saint-Pierre et qu'ils seront confiés au citoyen Vitu[117] ».

      On cherche vainement son nom sur les états des pensionnaires ou autres documents ultérieurs. Il avait sans doute quitté Reims [118].

      Voici les vicaires de passage qui oui secondé Vitu dans le ministère paroissial de Saint-Pierre :

 

      Éloi Jean AviA, né à Reims le 14 décembre 1760, était d'abord religieux minime ; il avait fait profession à Vitry le 15 décembre 1781 et était préfet des études à Brienne. Le 13 juin 1791, Avia inaugurait par la prestation du serment constitutionnel ses fonctions de vicaire à Saint-Pierre-le-Vieil où il les a continuées jusqu'au milieu de juillet 1792. Il est alors devenu curé de Lavannes jusqu'à la cessation du culte. Comme d'après la loi du 14 août 1792, on exigeait rigoureusement que le serment de liberté fut prononcé dans les huit jours, à partir de la promulgation de la loi ; qu'elle avait été publiée à Reims le 17 septembre ; que le dernier délai était le 25 septembre et que le serment d'Avia était daté du 4 octobre 1792, des explications lui ont été demandées le 11 fructidor an VI au sujet de ce retard. À la Terreur, Avia ayant livré ses lettres et abdiqué, s'était fixé à Reims, rue du Barbâtre. Il y contracta mariage, le 21 vendémiaire an III. Il y séjournait encore au 1er pluviôse an VII. Le 5 mars 1805, étant instituteur à l'École des Arts et Métiers de Compiègne, il a demandé au cardinal légat les dispenses pour la validation de son mariage. En 18I7, Avia résidait à Châlons et recevait à titre d'ancien curé 267 francs de pension.

 

      Jacques Louis Sébastien Vincelet, né à Berry-au-Bac, le 5 janvier ou le 5 septembre 1763, était religieux prémontré à la Chapelle-aux-Planches. Le 24 juillet 1791, il a fait à Reims le serment constitutionnel comme prêtre-sacristain de Saint-Pierre-le-Vieil, et celui de liberté, le 17 août 1792. Sa pension était de 800 livres. Probablement que la Terreur l'avait momentanément éloigné de Reims puisqu'il déclarait à l'enquête de l'an VI « que, de retour à Reims bien avant la loi de fructidor, il s'était abstenu de tout ministère ». Le 3 brumaire an IV, il déclara vouloir exercer les fonctions du culte. On le trouve comme curé de Bezannes, continuant toutefois de séjourner à Reims, où il a fait le serment de fructidor, le 29 pluviôse an VII, et l'acte de soumission de l'an VIII, le 11 pluviôse. À cette dernière date, Vincelet était prêtre-sacristain à la cathédrale et demeurait au Marché à la laine. Au mois de septembre 1807, il était desservant de Courthiézy, et, en avril 1809, desservant de Soilly, où il exerçait encore en 1821. Il y é)tait inscrit comme titulaire d'une pension de 267 francs.

 

      Marmouzet, Jean-Baptiste François Géruzet, Favette, ont eu des fonctions plus importantes dans l'exposé desquelles est rappelé leur vicariat fugitif à Saint-Pierre. (Voir Marmouzet aux Vicaires épiscopaux, Géruzet à Sacy, doyenné de Ville-en-Tardenois, Favette au Séminaire de la Marne.)

 

      Éloi Nicolas Gautier, né le 15 octobre 1754, a fait le serment constitutionnel comme vicaire de Saint-Pierre, le 22 juillet 1792, et celui de liberté, le 18 août. Le 30 brumaire an II, il écrivait au président de la Société populaire de Reims :

      « Citoyen président. Je te remets mes titres de ministre du culte ci devant catholique. Je quitte sans regrets des fonctions que ma patrie rejette ; c'est un hommage (sic) que je dois aux lois de la république. J'en dois un autre à la nature et à la société ; je m'en acquitte en prenant une compagne qui professe comme moi les principes du plus pur républicanisme. GAUTIER, instituteur, membre de la Société des amis de la liberté et de l'égalité » [119].

Il paraît bien que le mariage de ce pauvre fourvoyé n'avait pas été une brillante affaire ; car, le 11 messidor an II, il obtint une compassion spéciale de la part du Conseil de Reims à cause de son état misérable « étant marié à une veuve qui avait un enfant de douze ans » [120] . En vendémiaire an IV, il habitait rue de la Tirelire. Il fit le serment de fructidor à Reims, le 28 nivôse an VII, étant alors domicilié place de la Commune. Nicolas Gautier, instituteur à Chaumes, a imploré le pardon de l'Église, le 28 décembre 1802. Il avait été admis à une pension de 267 francs comme ex-vicaire.

 

      François Antoine Lignot, né le 1er novembre 1769 à Sommeille, a fait serment comme vicaire de Saint-Pierre, le 17 mars 1793. Le 22 août suivant, ayant été inscrit parmi ceux qui devaient tirer à la milice, il présentait ses réclamations au Conseil de Ville, étant « fonctionnaire public ecclésiastique ». Vitu, membre de la municipalité rémoise, les appuya auprès de ses collègues [121]. C'est à Vanault que Lignot résidait en 1817 et recevait 267 francs de pension comme ancien vicaire.

 

      Robert Alexandre Sébastien Agnus, né à Verneuil le 28 novembre 1759, ordonné en 1785, avait été religieux bénédictin à Hautvillers. En 1793, il accepta de remplir les fonctions de vicaire assermenté à Saint-Pierre de Reims. En 1797, c'est à Verneuil qu'il recevait sa pension. En l'an XIII, Agnus a été chargé de desservir Le Breuil, où sa pension lui était encore servie en 1817 [122].

 

      En septembre 1792 avait été mentionné comme vicaire de Saint-Pierre, Jacques Virton. Or, Pierre Jacques Virton était né à Epernay le 6 mars I761. Il était religieux cistercien et procureur du couvent de Moreilles-en-Vendée. À la Terreur, il se fit maître d'école à Courville jusqu'en l'an IV : le 4 nivôse an II, il avait contracté mariage. Il en obtint le pardon et même sa réhabilitation ; car, en janvier 1812, lui lut confiée la paroisse de Vert-la-Gravelle [123].

      L'église de Saint-Pierre a été démolie en octobre 1796 ; la paroisse disparut avec elle.

Paroisse de Saint-Rémi, 1791

      Le premier curé constitutionnel qui fut élu, le 26 mai 1791, pour desservir « provisoirement » Saint-Rémi, paroisse nouvellement fondée, s'appelait Armand Jules Seraine. Il était né à Fontaine-sous-Montdidier le 8 septembre 1755. Vicaire à Saint-Denis de Sézanne et chapelain de Saint-Jacques à l'ancien château du même lieu ainsi que de Sainte-Anne en l'église Saint-Barthélemy de Paris, Seraine avait prêté serment à Sézanne le 9 janvier 179I avec enthousiasme :

      « Tout ministre des autels qui aime son Dieu voit avec un saint transport le moment où il va par un serment solennel consacrer, son entière soumission aux lois. Les beaux jours de l'Église vont renaître… Les abus seront détruits… Les branches orgueilleuses et parasites seront coupées… Les scandales vont disparaître du milieu du sanctuaire. »

      Telles furent ses paroles avant la prestation du seraient. Il le renouvela, le 5 juin, comme curé de Saint-Rémi : celui de liberté est du 4 octobre 1792 [124]. Pendant la Terreur; Seraine avait des rapports bienveillants avec les comités rémois révolutionnaires :

      « Section de la Montagne, 21 thermidor, an II. Comparution des citoyens Seraine ci-devant curé Remi et citoyen Caunois ci-devant vicaire Maurice… Le citoyen Armand Jules Seraine âgé de 40 ans pendant son secrétariat dans les assemblées sectionnaires s'est comporté en homme de bien et a exactement rédigé les procès verbaux. »

      Seraine n'avait pu s'opposer cependant à la profanation des reliques de saint Rémi. Il fut des premiers à déclarer qu’il reprendrait l'exercice du culte :

      « 22 ventôse an III. Antoine Dauphinot, tisseur rue Solon, a déclaré que le citoyen Seraine dirait la messe dans la maison des ci-devant Minimes. »

      La déclaration avec ses garanties fut enregistrée le 17 vendémiaire an IV : Seraine résidait alors « Cour Rémy ». Sa pension était de 800 livres. Le 14 vendémiaire an V, il fit procéder à la reconnaissance des reliques de saint Rémi. Seraine était membre du Presbytère épiscopal. Il se soumit à la loi de l'an V, le 27 fructidor, et au serment de l'an VIII, le 14 pluviôse.

      Seraine a été le héros de quelques épisodes bizarres. C'est à lui que fut remise une lettre signée Orange que deux femmes avaient trouvée près des remparts et qui dénonçait un complot imaginaire, machiné par les dignitaires ecclésiastiques contre la Révolution. Le 19 juin 1791, la municipalité rémoise était mise en émoi par cette absurde invention[125].

      Le Conseil de Ville a retenti des plaintes de Seraine parce que le vin de messe lui était mesuré plus que parcimonieusement par les administrateurs civils de Saint-Rémi.

      Après la révolution, quand l'évêque de Meaux eut consenti à maintenir Seraine comme vicaire dans le clergé dont Antoine Bertin était curé, il y eut certain service funèbre demandé pour un volontaire qui était mort en Vandée. Le père du défunt avait prétendu que la célébration serait réservée à l'abbé Seraine ; sur le refus du répartiteur des offices, ce fut l'occasion d'un vrai tumulte dans la paroisse.

      Dans les derniers jours de mai 1808 jusqu'en 1817, Seraine, admis à une pension de 267 francs, desservait Trigny. Il s'est momentanément retiré à Reims, puis il a eu le titre de Champfleury. En 1827, le 16 août, Seraine consentit à signer une rétractation formelle de la Constitution civile et des erreurs jansénistes. Il s'abstenait de porter le costume ecclésiastique « à cause de maux de jambes qu'il s'était écorchées en descendant de voiture ». Il est mort en retraite à Reims, le 20 novembre 1844, dans une maison de la rue Fléchambault, N° 40, et sa sépulture est au cimetière du Sud [126].

      Cinq vicaires ont été à Saint-Rémi les auxiliaires de l'abbé Seraine :

 

      Alexis Benoît Joseph Lejeune, vicaire assermenté de Saint-Rémi le 20 juin .1791, aura sa notice aux Religieux bénédictins.

 

      Nicolas Laurent Dommanget, né le 28 mai 1765, ne fit que passer à Saint-Rémi par un court vicariat inauguré le 5 juillet 1792. Il y avait fait le serment, mais, le 28 novembre 1792, 48 électeurs sur 49 votants lui donnèrent leurs voix pour la cure de Possesse. En 1797, il habitait Châlons-sur-Marne. Ayant contracté mariage au cours de la Révolution, Dommanget s'est mis en règle avec l'Église le 6 juillet 1803. Il était à Châlons dans les bureaux des domaines [127].

 

      Un vicaire de Saint-Rémi nommé Noël est l'objet d'un problème historique que les Archives nationales et l'Almanach de Reims de 1856 ne permettent pas de résoudre.

 

      L’Almanach de Reims dit que Nicolas-Rémi NOËL est né à Reims vers 1750. Son père était geôlier à la prison de Belle-Tour. Fort brillant sujet au Collège, Noël se serait adonné d'abord au théâtre à Châlons. Pendant une grave maladie, l'abbé Bonnette l'aurait déterminé à embrasser une profession plus utile. Noël serait entré chez les Augustins de Paris où il suivit les cours de philosophie et de théologie et reçut la prêtrise. Prédicateur admiré, il aurait abandonné la vie religieuse à la Révolution et serait revenu à Reims comme vicaire de Saint-Rémi en se signalant de nouveau par son talent oratoire et ses soins aux malades.

      Les Archives nationales disent que Noël avait pour prénoms Nicolas-Marie ; qu'il était né à Daucourt près de Sainte-Menehould. Ordonné par Diot en 1791, il fit le serment constitutionnel le 26 juin 1791. On mentionne un vicariat à Chambrecy, un second vicariat à Saint-Rémi à partir du 13 ,janvier 1793 et sa nomination à la cure de Belval [128].

      Noël, d'après Lebourq, avait demandé le 6 août 1793 à être affilié à la Société populaire de Reims. Plus tard, au 30 brumaire, il avait apostasié, renonçant à ses fonctions de prêtre et d'aumônier de l'hôpital ambulant des capucins. Cependant il fut accusé de relations compromettantes et traduit au tribunal révolutionnaire de Paris. Alors des attestations furent adressées en sa faveur par les Jacobins de Reims à l’accusateur public :

      « Tu verras par la lecture de ces pièces qu'on persécute en la personne du prévenu (Noël) un patriote prononcé, reconnu pur et intact par les autorités constituées des endroits qu'il a habités depuis le commencement de la Révolution et surtout par la Société populaire et régénérée de Reims. »

      Ces recommandations lui furent favorables. Noël fut mis en liberté en vertu d'un ordre du comité de sûreté générale rendu le 21 messidor au II [129]. Apostat et marié « par crainte de la mort », il a demandé l'absolution au cardinal Caprara ; il était alors à Éclaires, secrétaire en chef de la sous-préfecture de Sainte-Menehould [130].

      Pierre Antoine DESOIZE était né à Villers-devant-le-Tour le 8 août 1737. Ordonné à Noël en 1761, il obtint peu après la licence en théologie. D’abord professeur et sous-principal du Collège de Reims, Desoize avait été nommé, le 13 mars 1768, curé de Sévigny-Waleppe, au décès de Pierre Leclère. En 1779, à la mort de François Viot, il a succédé à son titre de doyen rural de Saint-Germainmont. En 1789, il étais député du clergé à l’assemblée de Reims. Desoize avait refusé le serment : un passeport daté du 26 mai 1791 a été délivré à « De Souase, ancien curé de Sévigny, pour se retirer dans le Hainaut ». Lacatte le range parmi les prêtres fidèles qui sont rentrés secrètement à Reims dans les plus mauvais jours. Il est certain qu’en septembre 1795, il a été investi par Mgr de Talleyrand des pouvoirs de missionnaire diocésain. Il est également sûr que, le 27 fructidor an V, « Desoize, sujet à déportation, résidant précédemment à Sévigny et, de présent à Reims », a reçu un passeport (n° 997) pour se déporter de nouveau hors du territoire de la République et se conformer ainsi à la loi du 19 fructidor. En 1800, Desoize avait été associé à l’administration diocésaine établie par Mgr de Talleyrand ; lui-même se dénomme « prêtre insermenté, licencié en théologie, cure de Sévigny et doyen rural de Saint-Germainmont, membre du Conseil ecclésiastique établi par Mgr l’Archevêque pour le gouvernement de son diocèse ». Encore au 26 prairial an X, comme le maire de Sévigny poursuivait de sa haine particulière Henri Joseph Ravelet chargé par les Supérieurs ecclésiastiques de donner à cette paroisse les soins religieux, il s’adressait à Desoize, membre du comité diocésain de Reims, en prétendant lui imposer des délais pour le départ de Ravelet. La réponse de Desoize, écrite le 1er messidor, établit qu’il était toujours au nombre des administrateurs diocésains.

      Le 6 floréal an X, Desoize fut enfin rayé de la liste des émigrés. Le 27 floréal, il faisait, comme vicaire de Notre-Dame, le serment concordataire. L’évêque de Metz avait eu la pensée de le rendre à ses paroissiens de Sévigny. Mais le sous-préfet de Rethel avait répondu, le 13 ventôse an XI, « que Desoize était à Reims et que son acceptation était fort douteuse ». il est mort, en effet, dans son vicariat de Notre-Dame, le 17 septembre 1809.

 

      Thomas VAALET, né à Suippes, le 13 ou le 29 mars 1744, ordonné le 28 mai 1768, était docteur en théologie depuis 1770. À cette époque, il était vicaire de Saint-Pierre-le-Vieil ; puis, en 1772, prêtre habitué au Temple de Reims. Le 13 mai 1774, au décès de Barthélemi Mailfait, il fut nommé curé de Charleville où le trouva la Révolution. Vaalet refusa de faire serment et fut déclaré déchu de sa paroisse où le remplaçait le prémontré Lissoir. Jusqu’au 39 mars 1792, il demeura pourtant à Charleville. Il y exerça même plus d’un an la charge de membre du bureau de conciliation à laquelle ses paroissiens l’avaient nommé. Chassé au 29 mars 1792 par une émeute populaire, Vaalet se dirigea vers Braux, y fut arrêté et jeté en prison sans égard pour ses infirmités et pour le délabrement de sa santé. Au 21 pluviôse an VI, les délibérations de Charleville ont gardé l’exposé des incidents de sa déportation volontaire à Aix-la-Chapelle :

      « Migeon, marchand de clous, avait traité de son transport en voiture pour le prix de 132 livres. Le premier jour, ont était à Fumay ; le lendemain à Hevelange ; le troisième jour à Liège d’abord, puis à Aix-la-Chapelle où l’aubergiste avait été sur le point de refuser de l’accueillir, ces espèces d’individus n’étant pas aimés dans le pays. »

      En 1795, Vaalet reçut de Mgr de Talleyrand des pouvoirs pour tout le diocèse. Au 8 messidor an IV, après avoir produit un certificat d’infirmités auprès de l’administration des Ardennes, Vaalet fut autorisé à rester en France ; dix notables de Charleville étant venus déclarer que son éloignement avait été forcé à cause des circonstances. Cette permission de séjour lui fut un motif pour ne pas se croire astreint au serment de l’an V. Voici comment il était noté en l’an XI : « Vaalet, Charleville, ci-devant doyen de Charleville, est très instruit et très moral ; est insoumis et censé hors de la république ». Le 30 floréal an X et le 27 floréal an XI, Vaalet a fait à Reims le serment concordataire. Tel est l’homme vénérable qui devenait vicaire de Notre-Dame. Il fut membre du Conseil diocésain et chanoine honoraire de Meaux. Le 15 novembre 1821, il a pris possession du siège de Reims au nom de Mgr de Coucy. Il fut promu vicaire général, le 1 décembre suivant, charge dans laquelle il a été maintenu par Mgr de Latil. Thomas Vaalet est mort à Reims le 20 mars 1828. Son épitaphe est inscrite sur le mur de la chapelle du cimetière du Nord. « Vir prudens, pacis amans et conciliator, pro Deo et rege exul, obiit die 20a martii. » [131]

 

      Pierre Nicolas ANOT était né à Saint-Germainmont le 21 juin 1763. On trouve bien la date de son diaconat, 10 juin 1786 ; il a dû recevoir la prêtrise dans un autre diocèse, au plus en 1787. Anot se voua à l’enseignement jusqu’à la Révolution. Ayant refusé de faire serment, il avait émigré à Anvers en fin d’année 1791 et pendant un an environ il y fut aumônier du Carmel. Le 16 novembre 1792, l’approche des troupes françaises obligeait Anot à se réfugier à Ratisbonne avec son élève, François Malfillâtre ; ils y restèrent jusqu’au 16 juillet 1795. Ils visitèrent la Belgique, la Hollande, la Hesse, la Bohême, Venise et Malte où ils s’arrêtèrent jusqu’en juin 1798. Anot rentra à Reims. Vers le mois d’août 1802, il exerçait le ministère à Notre-Dame. C’est seulement au 27 floréal an XI, 17 mai 1803, qu’il a prêté comme vicaire le serment imposé. Il publia dès lors la relation de ses voyages, édita, en 1816, les Annales du monde, et, de 1817 à 1822, un Tableau de l’histoire universelle. Comme orateur on le jugeait « un peu raide de manières ». Au rétablissement du Chapitre, Anot y fut appelé comme théologal, grand pénitencier et sous-chantre. Il est mort le 21 octobre 1823. Tel était son ascendant auprès des prisonniers qu’ils voulurent assister à ses obsèques [132].

 

      Nicolas BOUDA. Né à Epernay le 7 décembre 1758, Bouda avait fait profession — chez les génovéfains — le 27 décembre 1779, à Notre-Dame de Beaulieu, près Le Mans. Il était venu dans le diocèse de Reims où on le trouve vicaire de Grandpré au 14 décembre 1784, puis vicaire paroissial à la maison de Saint-Denis de Reims. Bouda déclara qu’il quitterait la vie commune, refusa de prêter serment à la Constitution ; mais il fit le serment de liberté le 15 septembre 1792. Il fut cependant arrêté sur une dénonciation du comité de surveillance du Temple de la Raison « ... comme étant déserteur d’un bataillon de Reims ; n’ayant prêté le serment exigé des fonctionnaires que tardivement, seulement devant notaire et non devant la municipalité ; ayant manifesté des sentiments contraires à la Révolution ».

      Toutefois à la levée des scellés, le 22 octobre 1793, on n’avait rien trouvé chez lui « qui pût ombrager le républicanisme » [133]. Après avoir été détenu au 5 novembre 1793, Bouda vivait, au 22 nivôse an III, retiré à Epernay où il avait demandé à percevoir sa pension de 800 livres. Il avait résidé d’abord à Reims, rue de Fusiliers. Quand il déclara vouloir y exercer le culte, le 25 vendémiaire an IV, il demeurait rue Cérès, 47 ; plus tard rue de la Chasse, 33. Bouda fit le serment de fructidor le 2 vendémiaire, et la promesse de fidélité de l’an VIII, le 11 pluviôse. Le serment qui lui fut demandé comme desservant de Saint-André porte la date du 27 floréal an XI. Ses fonctions furent inaugurées dans cette paroisse le 2 prairial an XI, dimanche dans l’octave de l’Ascension. Il s’y dénommait « desservant en chef de Saint-André ». Il s’employa fort activement à restaurer son église et à réparer les ruines de la Révolution. Bouda résigna ses fonctions en 1829. Il est mort chanoine honoraire, le 17 novembre 1831.

 

      Pierre CARRÉ était né à Reims le 17 septembre 1749, sur la paroisse Saint-Symphorien. Il avait étudié au Collège. Simple sous-diacre, il professait la troisième au Collège de Charleville en 1773. Prêtre à Noël 1774 et gradué en théologie, il demeura dans l’enseignement au même Collège, professeur de seconde en 1782 et, croyons-nous, de rhétorique un peu plus tard. Le 17 mars 1785, Pierre Carré fut appelé à desservir comme curé la paroisse de Verzenay au départ de Gaston Félicité Lacacheur. En 1787, au décès de Pierre Nicolas le Lorrain, curé de Saint-Hilaire-le-Grand, il lui avait succédé.

      Au début de la Révolution en août 1790, Carré avait publié, chez Raucourt à Charleville, un opuscule sous le titre : La Constitution et la Religion parfaitement d’accord, par un curé de campagne. L’exergue : « Justitia et pas osculatæ sunt » disait clairement sa confiance que l’entente se ferait entre les autorités religieuses et civiles. Le 9 janvier 1791, Carré avait prêté le serment, mais avec cette restriction : « Je jure de maintenir la Constitution, à moins que, contre mon espérance, l’Église ne la réprouve ».

Le 29 mars 1791, connaissant la désapprobation expresse du Chef de l’Église uni aux premiers pasteurs relativement à plusieurs articles, il se déclare résolu à vivre et à mourir dans la communion de l’Église : « On ne peut le dire mauvais patriote, lui qui, malgré la modestie de sa condition, a fait don de 300 livres à la Nation. Il avait commencé par applaudir aux premières tentatives de l’Assemblée nationale, et il était disposé à le faire si l’Assemblée s’était bornée à réformer des abus. Il ne le peut plus. S’il perd son état, il sera heureux de souffrir pour la justice. » Ainsi écrit-il au procureur-syndic.

      Le 6 juin 1791, Pierre Carré avait été déclaré destitué par la loi et remplacé à Saint-Hilaire-le-Grand. Il revint à Reims jusqu’au 8 septembre 1792, demanda et obtint un passeport pour Dinant (n° 6235). Carré est aussi l’auteur de la Réponse des catholiques à la lettre de Diot du 22 germinal an III.

      Revenu d’exil à Reims, il avait déclaré, au 8 vendémiaire an IV, vouloir y exercer le culte ; mais mis en demeure de se soumettre à la loi de fructidor an V, il s’y était refusé. La municipalité de Reims voulait le faire reconduire hors des frontières par les gendarmes ; on ne peut le découvrir. Le 23 janvier 1796, Mgr de Talleyrand lui avait délivré des lettres de vice-official et vice-promoteur diocésain. Dans un certificat de la rétractation d’un prêtre assermenté qu’il avait recueillie le 23 octobre 1800, Carré, en 1802, est qualifié de vicaire général.

      Le 7 germinal an XIII, Pierre Carré a été nommé curé de Boult-sur-Suippe et doyen rural. Il a donné sa démission en octobre 1810 pour devenir desservant de Sainte-Euphrasie jusqu’au 1 janvier 1815. Il vécut à Reims, où, en 1818, il recevait une modeste pension de 385 francs ; il y est mort, le 13 janvier 1823.

 

      André Nicolas Félix GODINOT, surnommé Godinot des Fontaines, [était] vicaire de Cormicy à la Révolution. Né à Reims le 8 janvier 1763, il avait faits ses études à Paris où il avait été ordonné en 1789. Depuis lors il exerçait à Cormicy. Imitateur de l’abbé Destez, Godinot refusa de faire serment. Il avait pris aussi un passeport, le 28 mai 1791 ; cependant il resta à Reims. Au 6 septembre 1792, il demandait un passeport pour Bruxelles (n° 6089) ; c’est même le premier de la liste des déportés. Godinot alla jusqu’en Allemagne. En 1806, il était à Mittau (Russie) près de Mgr de Talleyrand. D’abord secrétaire des aumônes du roi, puis son chapelain, il devint chanoine titulaire de Paris. C’est Godinot des Fontaines qui, le 10 janvier 1822, avait déposé à Saint-Rémi le cœur de Mgr de Talleyrand-Périgord. Il se retira en 1830. Il est pourtant mort doyen du Chapitre de Paris. Depuis le 13 septembre 1824, il était vicaire général honoraire de Reims. Il a été enterré à Reims, le 18 août 1842.

 

      Joseph REGNARD. Né à Cormicy le 21 mai 1765, ordonné le 6 juin 1789, Regnard était sous-principal du Collège de Reims. Il ne prêta pas le serment et ne quitta Reims que le 7 septembre 1792, muni d’un passeport pour Dinant (n° 6196). Après huit ans d’exil, il rentra en octobre 1800, muni des pouvoirs que Mgr de Talleyrand lui avait délivrés, le 4 novembre 1796. Le 30 floréal an X, il souscrivait à Reims le serment exigé des émigrés rentrés [134]. Le 3 prairial an XI, il était désigné pour desservir Cormicy [135].Sa nomination provisoire fut enfin ratifiée en novembre 1808 par le Gouvernement et dura jusqu’au 12 mai 1837. À cette date, M. Regnard devint chanoine de Notre-Dame et deux ans plus tard, vicaire général. Il est mort à Reims, le 23 janvier 1854, à 89 ans [136].

 

      Jean-François GAILLOT [fut élu à Notre-Dame de Reims, le 24 mai 1791, comme curé constitutionnel de Saint-Thierry].

      Né à Reims sur la paroisse de Saint-André le 13 février 1754, il avait reçu les ordres dans un diocèse étranger puisque, le 25 mai 1786, on trouve un dimissoire l’autorisant à recevoir la tonsure à Autun. Il était recteur au Collège d’Avallon. Le serment constitutionnel comme curé de Saint-Thierry avait été prêté, le 26 juin 1791. Le 16 juillet suivant, Gaillot qui était membre de la société Les Amis de la Constitution prononçait en séance publique un discours pour justifier le serment constitutionnel et flétrir les abus de l’ancien clergé [137]. Il a fait le serment de liberté, le 3 septembre 1792. En l’an II, il avait abandonné tout exercice du ministère sacerdotal. Aussi était-il à Reims, rue Orde-ruelle, au 8 vendémiaire an IV et, au 8 nivôse an VII, rue de la Hure, quand il fit le serment de fructidor. Il s’était abstenu de faire aucune déclaration relative au culte. Sa pension ecclésiastique de 800 livres continuait cependant de lui être payée. En 1817, elle était de 267 francs et lui était servie à Reims. Gaillot est mort le 22 mai 1826, à 72 ans.

 

      François Joachim CADART est bien connu comme curé de Verzenay à l’époque de la Révolution à cause de ses opuscules catholiques et de résistance aux idées révolutionnaires. Cadart était né à Reims sur la paroisse de Saint-Timothée le 14 janvier 1757. Son ordination comme diacre est de 1780 ; il a dû recevoir la prêtrise ailleurs qu’à Reims. Il était gradué en théologie. Pendant trois ans, il avait été chapelain à l’Hôtel-Dieu. Le 16 octobre 1787, il avait succédé dans la cure de Verzenay à Pierre Carré, devenu curé de Saint-Hilaire-le-Grand. Cadart fit publier un Petit Catéchisme pour les temps présents dans lequel, sous forme de demandes et de réponses très courtes, était énoncée la doctrine catholique au sujet de la Constitution civile du clergé [138]. Servant crut devoir y répondre.

      Cadart avait refusé le serment, ou plutôt : « Il a présenté, disait le procureur, un serment qui n’a pas été accepté comme étant contraire aux décrets. » Déclaré déchu et remplacé le 24 mai 1791, il se retira à Reims dans une maison de la rue Vauthier-le-Noir, près du médecin Navier. Le 31 mai, il se munissait d’un passeport de voyage (n° 541). Au 1er Novembre suivant, la Société populaire le dénonçait comme ayant émigré. Il serait allé à Mayence, à Ratisbonne, où il habitait dans un couvent. Lacatte le nomme toutefois parmi les prêtres fidèles qui vécurent dans Reims pendant les mauvais jours. Vers l’an V, Cadart était revenu d’exil. Mais ayant prêché à Nauroy, il avait été reconduit à la frontière pour un nouvel exil. Le 29 prairial an VII et le 6 messidor suivant, le commissaire départemental a écrit au Conseil général de Reims pour faire rechercher Cadart « en cette ville où il vient souvent ». Comme retraite habituelle, il signalait au Conseil « la maison n° 1 de la rue des Chapelains provenant de de Bezannes et acquise par un citoyen Prévôt de Sillery ». Le 15 prairial an X fut reçut le serment de soumission de « François Joachim Cadart, ancien curé de Verzenay, demeurant à Reims, 46 ans ».

      En novembre 1808, Cadart était approuvé comme desservant de Mesnil-sur-Oger. Il y recevait une pension de 267 francs. En 1825, il est devenu curé de Vertus. Nommé chanoine titulaire de Châlons, il est mort doyen du Chapitre, le 15 novembre 1838. Il avait publié à Châlons en 1832 des Considérations touchant l’égalité sociale [139].

 

      Barthélemy Élisabeth Victor mailfait. Né à Saint-Jean-aux-Bois le 21 avril 1768, il n’était que diacre à la dernière ordination publique à Reims avant la révolution, le 29 mai 1790. Il fut ordonné prêtre en émigration, où il avait suivi l’abbé de Gournay, directeur du Séminaire de Reims. Mailafit revint secrètement à Reims dans les plus mauvais jours exercer les fonctions de prêtre catholique. Le 3 thermidor an II, Marie Jarlot, arrêtée à Reims par le Comité de surveillance de la section de Mars, était convaincue « d’avoir assisté, pendant son service chez Godon, à des messes de prêtres réfractaires. Elle en avait connu trois : Ludinart, Victor Mailfait, neveu de Rondeau déporté et cousin de l’émigré Rondeau, et Pâris qui a dit la messe le jour de saint Pierre. » Ces aveux furent cause de son emprisonnement au Séminaire [140]. Au 8 vendémiaire an IV, Mailfait résidait à Reims, mais n’avait fait aucune déclaration pour y exercer le culte. Il habitait rue Marguerite. Au 29 floréal an X, serment concordataire de « Barthélemi Élisabeth Victor Mailfait, prêtre, demeurant à Reims, 34 ans. » Il était employé à Notre-Dame. Au 6 thermidor an XI, Mailfait desservait Sainte-Euphrasie et Aubilly, obligé de résider à Aubilly, faute de logement à Sainte-Euphrasie. Il a dû quitter au mois d’août 1808. Curé de Saint-Maurice au départ de l’abbé Bonnette en 1821, chanoine honoraire de Reims le 13 mai 1825, M. Mailfait fut ensuite nommé chanoine titulaire. Il est mort le 20 mars 1832, peu après cette nomination [141].

 

      Nicolas Martin DOMBRY, curé de Branscourt, était né à Reims le 29 octobre 1747 et avait été ordonné à Noël en 1771. Vicaire de Château-Porcien en 1773, on le voit, en juillet 1775, nommé chanoine de Saint-Timothée par le choix de Jean Modaine qui démissionnait en sa faveur. Le 11 février 1777, il faisait échange de son canonicat avec Charles Bertèche pour devenir en sa place curé de Branscourt. Dombry refusa le serment, fut remplacé, le 25 mai 1791, et se retira à Reims. Il en fut chassé par les massacres et prit, le 7 septembre 1792, un passeport de déportation pour Namur (n° 6195). En 1793, il était réfugié à Maastricht. Dombry était rentré à Reims ; mais la loi de fructidor le contraignit à reprendre le chemin de l’exil. Il reçut un nouveau passeport, le 26 fructidor an V (n° 983). Le 30 floréal an X, il souscrivit l’acte de soumission des émigrés rentrés.

      En 1806 Dombry était secrétaire du conseil épiscopal avec voix consultative et chanoine honoraire de Meaux. En 1817, il recevait à Reims une pension de 267 francs. En décembre 1821, il fut créé chanoine titulaire du Chapitre reconstitué à Notre-Dame de Reims. Il est mort le 4 février 1843.

 

      Pierre Desmarets est né à Reims sur la paroisse de Saint-Étienne, le 22 août 1758. Il a été fait prêtre le 21 décembre 1782 et était licencié es lois et vicaire de Sacy. Élu pour succéder à François Denis, dans la séance du 23 mai 1791, il reçut ses lettres de Diot, le 28 mai, et fit serment le 5 juin, avant la messe paroissiale. Le serment de liberté était du 19 août 1792. Il semble que Pierre Desmarets, pendant l’interdiction du culte, s’était retiré à Reims ; car, en faisant sa déclaration pour en reprendre l’exercice, il donnait pour son domicile, rue du Jard, 103 ; ce fut le 9 frimaire an IV que fut enregistrée sa déclaration, et le 10 vendémiaire an VI qu’il fit le serment de fructidor. Il eut de nouveau son domicile à Germigny et continuait à y demeurer en 1803. A la mort de Nicolas Diot, Desmarets fit paraître, chez Lequeux à Reims en 1802, un éloge historique de l’évêque de la Marne avec un précis des honneurs rendus à sa mémoire [142].

 

      Jean-Baptiste François GÉRUZET. Né à Reims en la paroisse de Saint-Denis, le 25 novembre 1763, Géruzet était chanoine régulier génovéfain et maître des novices dans le couvent de Lyon au moment où furent fermées les maisons religieuses. Il fut momentanément vicaire assermenté à Belleville en Beaujolais ; revint à Reims et, le 25 septembre 1791, fit serment comme vicaire de la paroisse de Saint-Pierre. De Saint-Pierre il est allé à Sacy jusqu’à la suppression du culte. Géruzet se retira alors à Reims, rue du Bourg Saint-Denis. Le 14 germinal an II, il écrivait une lettre qui fut imprimée, le 5 floréal, dans le journal la Feuille villageoise :

      « Conformément au décret du 14 frimaire, il a quitté, devant sa municipalité, le métier suranné de prêtre et de curé pour devenir imprimeur. Chez lui le tablier a pris la place de la soutane et de l’étole. » En post-scriptum il annonce « qu’un ex-vicaire épiscopal a pris le même parti que lui ainsi que le curé de Châtillon auquel le District avait promis des fonds s’il se mariait ; ce qu’il a fait. » Et Géruzet se félicite « de ce que les citoyens voient sans scandale abdiquer les prêtres et de ce que les prêtres abdiquent sans scrupules ». Son abdication « pour contribuer de tout son pouvoir à l’établissement du règne de la Raison, à la ruine de la superstition et à l’affermissement des lois républicaines » fut enregistré à Sacy le 5  ventôse an II.

      Géruzet est au nombre de ceux qui n’avaient pas cru devoir reprendre leurs fonctions en l’an IV : aussi, d’après un Rapport du 8 vendémiaire an IV, s’était-il abstenu de toute déclaration. Sacy était alors desservi par Bourland résidant à Villedommange. En 1800, Géruzet enseignait la grammaire générale à l’École Centrale de l’Oise. De 1804 jusqu’à sa retraite en 1822, il fut professeur de seconde au Lycée de Reims et donnait aussi des leçons dans des pensions de demoiselles [143].

      Géruzet a publié entre autres : à Beauvais, en l’an IX, un Discours sur l’origine et les progrès de la langue française. Dans le Mercure de France du 12 octobre 1812, un Coup d’œil sur la révolution de la philosophie. En 1817, chez Lebâtard à Reims, une Description historique et statistique de la ville de Reims. Il eut une part importante surtout dans la rédaction des Annuaires de la Marne. Sa pension était en 1817 de 267 francs [144].

      Le 3 février 1823, bien que dès le Concordat et à deux reprises Géruzet eût désavoué au for de la conscience ses erreurs de la période révolutionnaire, il a tenu à se conformer aux instructions du Saint-Siège ; il s’est imposé le devoir de les rétracter par un désaveu authentique ainsi que ses serments et son intrusion, etc. ; témoins les abbés Maquart, aumônier du Collège, et Lefèvre, aumônier de l’Hôpital général. Il est mort le 26 mars 1830. [Il fut inhumé au Cimetière du Nord, à Reims, canton 7].

 

      Claude Joseph MAQUART, frère de Jean-Nicolas et de Jean-Baptiste Maquart, est né aux Masures le 24 octobre 1762. Il avait été ordonné en 1787. Vicaire de Saint-Thierry encore en 1791, il refusa le serment. Pendant la Révolution, il revint à Saint-Thierry au milieu d’extrêmes périls. Il émigra à Gand, à Leipsick, à Munster, à Landshut. Devenu percepteur du fils de l’ambassadeur russe Panin, il l’accompagna dans sa disgrâce jusqu’en Sibérie et revint avec lui à Saint-Pétersbourg où il fonda le Collège des jeunes nobles dont son frère Jean-Nicolas prit la direction. Claude Joseph ne revint en France qu’en 1819. Il fut aumônier du Lycée de Reims, puis en 1831 à la mort de son frère Jean-Nicolas, il professa la philosophie. Le 25 avril 1832 il a été nommé vicaire général. Il est mort le 28 août 1847, à 85 ans, laissant un souvenir vénéré [145].

 

      Jean-Nicolas BOUQUET est né à Reims sur la paroisse de Saint-Symphorien, le 7 mars 1766. Il a été ordonné le 29 mai 1790. Après avoir été d’abord prêtre auxiliaire à Saint-Hilaire de Reims en novembre 1790, Bouquet avait été vicaire de Grandpré jusqu’au 24 vendémiaire an III. À cette dernière date, il était commissaire à la bibliothèque nationale du district de Grandpré. Le 25 frimaire an III, il avait obtenu des autorités révolutionnaires de Grandpré l’autorisation de se retirer à Reims dans sa famille. Il avait même, depuis la fin vendémiaire an III jusqu’en vendémiaire an IV, rempli les fonctions de professeur au Lycée de Reims quand il fut inquiété comme étant inscrit sur la liste des déportés. Ses réclamations au sujet de cette erreur et les témoignages qui furent recueillis pour la constater sont relatés dans la liasse des déportés et condamnés de la Marne. D’après un certificat de Grandpré :

      « (Bouquet) s’est toujours comporté d’une manière irrépréhensible, ayant pour tous les citoyens et pour chacun en particulier des sentiments fraternels, beaucoup de déférence pour les lois de l’État ; ayant payé ses contributions ; il a rempli personnellement le devoir de garde national ; il a donné des marques du plus pur civisme. »

      Le certificat du Lycée était signé par Léon, directeur, Lecourt, préfet, Ferbus, professeur, et par des parents de lycéens. Un rapport des commissaires de Reims du 8 vendémiaire an IV attribuait à Bouquet pour domicile la rue Étienne, et le rangeait parmi les prêtres fixés à Reims qui devaient s’abstenir absolument d’exercer le culte, faute de déportation.

      Au 1er prairial an X, conformément à la loi du 18 germinal, Bouquet fit le serment concordataire ; il l’a même renouvelé, le 9 messidor an XI, à titre de chapelain de l’Hôtel-Dieu et de vicaire de Notre-Dame. Il est mort à Reims le 18 avril 1804.

 

      Charles Toussaint HERBLOT, né à Cormicy le 22 septembre 1793, a été ordonné le 20 décembre 1817. Vicaire de Fontainebleau ; curé d’Avon en 1818 : supérieur du Séminaire de Meaux en octobre 1822 ; supérieur du Petit Séminaire d’Avon en 1823 ; curé d’Avon en 1825. Déjà chanoine de Meaux en 1822, il fut créé chanoine titulaire de Reims en 1828. Il est mort le 25 janvier 1855.

 

      Charles François GÉRUZET naquit à Reims sur la paroisse de Saint-Pierre, le 5 janvier 1735. Prêtre et religieux bénédictin du couvent de Saint-Rémi, il a déclaré avoir fait profession à Saint-Faron de Meaux, le 9 février 1759 et vouloir sortir de la vie commune. Il habitait d’abord à Reims, rue de Gueux, 10, et il y a fait le serment de liberté dont la date n’est pas précisée. Un serment civique avait été prêté à Cormontreuil le 14 juillet 1791. Depuis l’an II, Géruzet avait cessé toute fonction du culte. En l’an IV, il a demandé à Reims à les exercer de nouveau. Sa pension était de 1.000 livres. Après un séjour à Sacy en l’an IV [146], on retrouve dom Géruzet, au 4 nivôse an VI. Il y a prêté le serment de fructidor, le 5 pluviôse an VII. Sa mort survint à Reims, rue du Couchant, le 10 décembre 1816.

 

      Maximilien Joseph GOUILLIART était né à Saint-Pol-en-Artois (Pas-de-Calais) le 25 ou le 27 juin 1752. Après avoir appartenu à la maison de Chéry-l’Abbaye, il était, au 22 juillet 1791, prêtre et (page 458) religieux bénédictin au couvent de Saint-Rémi. La déclaration de ses intentions n’est pas à Reims. Il avait prêté le serment de liberté le 18 août. Il est sorti du couvent de Saint-Rémi le 18 septembre 1792. Dès lors, Gouilliart renonça à toute fonction du culte. Il s’est retiré dans la maison de Massé, chantre de Saint-Maurice. Sa pension était de 800 livres. Il a prêté le serment de haine à la royauté, le 29 nivôse an VII, et celui de soumission à la Constitution de l’an VIII, le 11 pluviôse. Comme Gouilliart vivait en séculier, il n’a fait aucune déclaration pour reprendre le culte. Il est devenu juge de paix à Reims, amateur passionné des tableaux et des œuvres d’art. Il est sur la liste des pensions comme ancien religieux, en 1817. En 1827, il a tenu à désavouer les serments qu’il avait prêtés au cour de la Révolution, et il est mort à Reims, rue Saint-Maurice, le 5 mai 1828, en faisant à sa paroisse des legs pieux [147].

 

      Nicolas BERNARD est né à Reims, paroisse de Saint-Étienne, le 2 décembre 1753. Il a été ordonné à Paris le 20 mai 1780. Comme religieux bénédictin, il était attaché à l’abbaye de Rebais où, le 29 septembre 1792, il fit le serment de liberté. Il vivait réfugié à Reims depuis la Terreur. On dit que, pendant l’interruption du culte, il avait exercé l’emploi d’apprêteur de pièces. Après vendémiaire an V, il demeurait rue Neuve. Il a prêté le serment de fructidor, le 17 ventôse an VII, et il s’est soumis à la Constitution de l’an VIII, le 19 pluviôse. Sa pension était de 800 livres. Au Concordat, il est devenu professeur au collège d’Epernay. Il revint à Reims et fut chargé de desservir la chapelle des Marais ; il était aussi  prêtre habitué à Saint-Jacques. En 1817, sa pension était de 267 francs. Dom Bernard est mort, à 84 ans, à Reims rue de Thillois, 38, le 23 avril 1838 [148].

 

      Jean COLTIER naquit à Reims sur la paroisse de Saint-Maurice, le 22 septembre 1742. Il était religieux bénédictin de la Congrégation d Saint-Vanne et il avait fait profession à Saint-Clément de Metz, le 25 août 1760. Réfugié à Reims, il a fait le serment de liberté le 17 août 1792. Le 12 mai 1793, il y prenait un passeport pour circuler à Châlons, à Troyes et autres villes (n° 1213). Du 23 vendémiaire au 23 ventôse an II, Coltier fut l’un des nombreux suspects détenus au Séminaire. Coltier a fait la déclaration requise pour exercer le culte, le 25 vendémiaire an IV. Il habitait rue de la Haute-Croupe, 10, avec Legros, ancien gardien des Cordeliers de Reims. Sa pension était de 1.000 livres. Le 29 fructidor an V, il a prêté le serment de haine à la royauté. Il n’avait rien rétracté au 8 fructidor an VI, et s’est soumis, le 9 pluviôse, à la Constitution de l’an VIII. Il remplissait à la cathédrale la fonction de chantre. En 1817, sa pension de religieux était de 333 francs. Il est mort à Reims, rue Notre-Dame, 4, à 78 ans, le 9 juillet 1819.

 

      Louis Robert DOUAY, né à Reims, en la paroisse de Saint-Étienne, le 1er septembre 1749, était religieux bénédictin. Il avait fait profession à Meaux, le 5 septembre 1770, et il était, en 1790, sous-prieur à Saint-Corneille de Compiègne, d’où il était venu se réfugier dans sa famille. Il est qualifié de vicaire et aurait été assermenté. De même on disait qu’il avait prêté le serment de 1792 en septembre. Mais le 12 nivôse an VI, Douay recevait de la municipalité de Reims l’injonction de justifier de ces deux serments qu’aucun document n’avait attesté. Il demeurait rue de l’Université et était titulaire d’une pension de 800 livres. Au 21 brumaire an IV, Douay avait voulu reprendre l’exercice du culte ; il y renonça en germinal de cette même année. Il a fait le serment de fructidor, le 29 nivôse an VII, rue des Augustins, 10. Il a été admis à une pension de 267 francs. Après le Concordat Douay fut grand-chantre à Notre-Dame. Il est mort à Reims, rue de la Poissonnerie, 8, le 29 juin 1832. Il était chanoine honoraire, et était âgé de 82 ans et dix mois [149].

 

      Jean-Baptiste LEGROS était né à Avançon le 27 août 1736. Il était prêtre religieux cordelier et gardien du couvent de Reims. Legros a déclaré avoir fait profession à Reims, le 10 janvier 1761, vouloir poursuivre la vie religieuse à Reims dans une maison de son ordre et, en cas d’empêchement, vouloir rester en cette ville. Il a fait le serment de liberté, le 18 août 1792. Sa pension était de 800 livres. Le 12 mai 1793, il a pris un passeport (n° 1214) pour se rendre à Avançon, à Rethel, à Châlons, à Soissons, etc. Au quintidi de la deuxième décade de brumaire an II, « Legros ex-cordelier » figure parmi les personnes suspectes qui avaient été mises en arrestation à Reims sur la demande des comités de surveillance. Le 25 vendémiaire an IV, il habitait rue Haute-Croupe, 10, et il a fait sa déclaration pour reprendre l’exercice du culte. Le 5e jour complémentaire de l’an V, Legros prêtait le serment de fructidor ; et le 9 pluviôse, le serment de soumission à la Constitution de l’an VIII. Le 14 brumaire an X, le préfet le jugeait « capable de faire me bien, zélé, moral, jouissant de l’estime de ses concitoyens, pouvant être employé par le Gouvernement ». Legros est mort à Reims à 76 ans, le 20 août 1812 [150].

 

      Nicolas ou Nicolas Thomas GODINOT, appelé Godinot-Collart, est né à Reims le 14 octobre 1744. Ordonné prêtre en 1772. Sa profession religieuse avait eu lieu à Sainte-Geneviève le 22 septembre 1765. Chanoine régulier à Sens à la Révolution, il s’était réfugié à Reims rue Saint-Symphorien, 15. Il est inscrit à l’enquête de l’an VI comme assermenté. Le serment de 1792 aurait été prêté le 17 août (ailleurs le 1er octobre). Le quintidi de la deuxième décade de brumaire an II, Godinot-Collart fut détenu au Séminaire comme suspect par ordre du comité de la section Cérès. Une délibération municipale du 5 nivôse an IV porte que « Godinot dit Collart avait d’abord renoncé à une pension à cause des ressources de sa famille. D’après avis du Conseil il sera replacé sur la liste des pensionnaires de la République. » Cette pension était de 800 livres. Une lettre d’instance du 5 messidor an IV avait aussi pour objet d’être réintégré dans la jouissance de ladite pension. Nicolas Godinot avait renoncé à exercer le ministère en l’an IV et n’avait encore fait aucune déclaration en nivôse an VI. Le 14 pluviôse, il s’est soumis à la Constitution de l’an VIII. En 1817 sa pension était de 267 francs. Il est mort à Reims « ancien curé de Saint-Maximin de Sens », le 7 juin 1823, à l’âge de 79 ans.

 

      Jean-Baptiste MUSEUX, né à Reims le 25 mai 1739, était chanoine régulier génovéfain à la maison appelée Toussaints à Châlons-sur-Marne. Il avait fait profession à Sainte-Geneviève le 26 octobre 1760 et avait été sous-prieur à Saint-Denis de Reims. Il vint se réfugier à Reims dans la rue des Anglais. Le serment de liberté a été prêté le 22 août 1792. Il paraît qu’après la loi de vendémiaire, Jean-Baptiste Museux aurait été attaché à l’église de Notre-Dame de Châlons. Museux était de retour à Reims en l’an V, où son serment fut reçu le 29 fructidor et renouvelé au 28 germinal an VII ; il habitait alors rue du Marc. En l’an VIII, l’acte de soumission est du 11 pluviôse. Sa pension annuelle était de 1.000 livres. Jean-Baptiste Museux est mort à Reims, rue des Élus, 1, le 17 décembre 1815, à l’âge de 77 ans et demi.

 

      François Étienne MUIRON, né à Reims le 22 novembre 1740, était religieux hospitalier ou frère de la Charité « n’ayant jamais reçu aucun ordre ecclésiastique », comme il le déclara expressément à l’enquête de l’an VI. Il s’était réfugié à Reims et, en 1793, il habitait rue de la Grosse Bouteille. Le serment de liberté n’avait été prêté que tardivement ; ce délai lui fut reproché comme une irrégularité qui compromettait la pension de 800 livres dont il était titulaire. Voici les explications que l’intéressé fournissait au Conseil de Reims, le 11 fructidor an VI :

      « En 1791, comme frère de la charité, il avait été nommé officier de santé du premier bataillon du département de l’Aisne et il l’avait suivi. Revenu à Reims pour cause de maladie en février 1793, il avait alors été mis en réquisition pour le service de l’hôpital militaire. Il y était chirurgien de deuxième classe. Aussi son serment de liberté avait-il été retardé au 6 avril 1793, et ses fonctions rétribuées avaient interrompu le versement de sa pension. » [151]

      Muiron a prêté à Reims le serment de l’an V et celui de l’an VIII, ce dernier le 98 pluviôse, rue Rouillé. Au 11 août 1807, de nouvelles objections lui étaient faites pour la délivrance de sa pension et à cause de l’inversion de ses prénoms. En 1817, une pension de 267 francs lui était servie à Reims.

 

      Jean-Louis PROSNIER est né à Martinpuis (Pas-de-Calais) le 31 octobre 1726. Il était prêtre, religieux jacobin, prieur du couvent de Reims et docteur régent en théologie de l’Université de Reims depuis 1765. Dans ses premières années de ministère, Prosnier avait donné des missions d’Avent et de Carême, par exemple à Avaux en 1758. Prosnier a déclaré avoir fait profession à Paris le 18 avril 1745, et avoir l’intention de quitter la vie commune. Il se fixa à Reims, rue du Cimetière de la Madeleine, 11, et rendit des services à la paroisse. Il fit le serment de 1792 le 16 août, et fut gratifié d’une pension de 800 livres. Sa déclaration pour exercer la culte est du 24 vendémiaire an IV. Le serment de l’an V a été prêté le 27 fructidor. L’acte d’adhésion à la Constitution de l’an VIII est du 13 pluviôse. Prosnier mourut à Reims, le 25 janvier 1808, à 82 ans [152].

 

      Louis François Joseph BARROIS, né à Béthune le 20 février 1745, était prêtre, religieux jacobin au couvent de Reims, docteur en théologie de l’Université de Reims depuis 1776. Il a déclaré avoir fait profession à Paris le 26 mai 1764 ; il était résolu à quitter la vie de communauté. Le serment de 1792 a été prêté le 18 août. Le 23 frimaire an II, au cours d’une curieuse perquisition qui fut faite par le comité de surveillance de la section de la Montagne « chez le citoyen François Massé ci-devant sacristain de Saint-Maurice (parce qu’il y a suspection chez ledit Massé) », parmi d’autres trophées de son ineffable procès-verbal, le commissaire enquêteur a inscrit, sous le n° 9 des articles saisis : « Une soutane supportée a l’usage d’un ci-devant jacobin appartenant à l’abbé Barrois [153]. » En faisant sa déclaration pour le culte, le 25 vendémiaire an IV, Barrois donnait pour domicile la rue Neuve, 79. Sa pension était de 700 livres. Le serment de fructidor a été fait le 5e jour complémentaire de l’an V. L’acte de soumission à la Constitution de l’an VIII est du 11 pluviôse. Barrois est mort à Reims, rue Neuve, 94, le 29 janvier 1817, à 72 ans.

 

      Louis Sébastien BERTON, né à Reims sur la paroisse de Saint-Timothée, le 6 mars 1746, religieux minime, avait fait profession à Reims, le 27 août 1764. Il est devenu supérieur de l’École militaire de Brienne avec mission d’y remettre l’ordre : « Il est trop dur, disait de lui son élève Napoléon ; il ne réussissait pas à se faire obéir malgré sa figure rébarbative. » Sous l’Empire, Berton devint directeur du Collège de Compiègne, puis proviseur du Lycée de Reims jusqu’en 1808. Il est mort en retraite à Reims, le 20 juillet 1811.

 

      Jean-Baptiste BERTON, frère de Louis Sébastien, est né à Reims le 16 février 1757. Après avoir été soldat, il est devenu aussi religieux minime. Sa profession a été faite à Vitry-le-François, le 14 avril 1780. Il faisait fonction d’économe au Collège de Brienne. Il fut canoniquement sécularisé, le 24 mars 1790 ; et en 1817, il était inspecteur des hôpitaux militaires. Il est mort à Reims le 19 février 1837.

 

      André François FÉRY, né à Reims le 5 août 1728 ou 1729, émit les vœux de religieux minime le 23 mai 1746 en la même ville. Il avait habité Laon jusqu’au mois de pluviôse an II ; puis il vint se fixer à Reims, au lieu dit « cul-de-sac du Renard ». Le serment de liberté a été fait le 26 août 1792. Depuis l’an II, Féry s’abstenait de tout ministère. En dépit de son âge et de son état religieux, Féry s’était marié. Aussi, comme il était père de famille et dans le besoin, a-t-il présenté, le 29 brumaire an IV, une requête au Conseil général de Reims pour solliciter des secours et un emploi. La pétition fut favorablement accueillie : elle aboutit, le 15 frimaire suivant, à faire nommer Féry commissaire de police de la section du temple, charge dont il a été destitué le 5 brumaire an V. Sa pension était de 650 livres. Il a fait le serment de fructidor, le 28 nivôse an VII, et l’acte de soumission de l’an VIII, le 9 pluviôse. Féry est mort à Reims, le 9 floréal an IX (29 avril 1801).


[80] Charles Louis Joseph Destables, né à Reims, le 3 janvier 1728, décédé à Auxerre, le 29 novembre 1788.

[81] BABLOT, dans le journal l'0bservateur, aurait désiré dans la lettre de Diot « moins de flagornerie » et il suppose que « l'évêque de la Marne n'a épuisé sa navette d'encens que pour tourner la tête à l'orgueilleux Périgord ». 0bservateur, p. 550.

[82] Archives Municipales de Reims : liasse spéciale et CR, 381.

[83] RAUSSIN : CR : 2124, 9. 1004.

[84] Journal d’Hédoin.

[85] Éloge historique de Diot par P. Desmarest, desservant de Gemigny.

[86] Archives Municipales de Reims: lettre spéciale.

[87] Au 16 janvier 1791, date de la lettre, Diot était curé de Vendresse (Ardennes) depuis septembre 1788. Dans ces conditions il est difficile de reconnaître « un fonctionnaire public du district de Reims » : SERVANT, curé de Nanteuil-la-Fosse, répondrait mieux à cette désignation.

[88] Voir Histoire de Saint-Jacques à la Révolution, p. 123.

Dans la série CR. de la Bibliothèque de Reims, on remarque surtout une Réponse au défi du sieur Diot, inscrite sous la cote 381, 9, et dans laquelle est commentée, mot pour mot, de façon cruelle la salutation usuelle : Diot, « par la miséricorde divine » — non, par la grâce des électeurs — « dans la communion du Saint-Siège » — le pape se refuse à reconnaître l'évêque de la Marne — « évêque » —. Nullement : Diot est sans mission, sur un siège usurpé ; ses électeurs étaient incompétents — la Constitution sur laquelle il s'appuie était condamnée par le pape, par 132 évêques de France et par la Faculté de théologie de Paris sans oublier les prêtres qui ont refusé ou rétracté le serment et les fidèles qui n'acceptent pas le ministère des intrus. Et l'impitoyable contradicteur établit que Diot est hérétique, schismatique, en opposition avec la Constitution civile comme avec lui-même, intrus, etc., etc. Ses adhérents sont pareillement fustigés : on lui dit « que les fonctionnaires ecclésiastiques » auxquels est adressée sa lettre, ne sont plus « des vénérables coopérateurs », mais « des moines défroqués et libertins, des prêtres tarés, rebut et honte de l'Église ».

[89] Archives des Ardennes.

[90] Archives Municipales de Reims : 1er décembre 1792 et 20 février 1793.

[91] Voir : notes du Dr Pot Gosset

[92] Registre paroissiaux de Notre-Dame.

[93] Registre des déclarations – AR.

[94] Notes Menu — Académie de Reims, tome XCII, p. 386.

[95] Passeport 2400.

[96] Voir pour les détails au tome CXXVI des Travaux de l'Académie une notice sur Nicolas Servant par l'abbé BOUCHEZ.

[97] Passeports 530, 2969, 3619.

[98] AN : AFIV 1898 et 1910 et notes particulières

[99] Manuel du Citoyen, p. 30.

[100] Manuel du Citoyen, p. 679.

[101] Soc. Pop. FF 59, cité par le Dr Pol Gosset.

[102] Le nom exacte est DELAGRANGE.

[103] CR : 381, 14.

[104] Archives de la Société populaire de Reims : LEBOURQ.

[105] Délibération du Conseil général.

[106] Notes particulières.

[107] Abbé MILLARD. – Piéton priait Manget, procureur-syndic à Châlons qui connaissait sa famille, « d’effectuer sa bonne volonté pour lui » et désignait la paroisse qu’il convoitait.

[108] Abbé MILLARD.

[109] L’église de la Madeleine, bâtie en 1382, fut démolie en 1796 (Manuscrit des Archives Municipales de Reims).

[110] Notes particulières. Annuaire de 1837.

[111] Raussin, 26 mai 1791. — Registres paroissiaux.

[112] Passeports 2450, 3697.

[113] Registres paroissiaux — Abbé MILLARD

[114] Registres paroissiaux de Saint-Jacques — Nécrologie Soissons.

[115] Lacatte-Joltrois.

[116] Manuel du Citoyen. Voir au registre des passeports nos 1616, 2083 et 3655.

[117] Archives du district, 15 brumaire an II. — D’après Raussin, p. 1319, Vitu habitait au fond de la Rigole. (CR : 2124).

[118] Raussin. — Archives Municipales de Reims.

[119] Archives de la Société populaire de Reims.

[120] Archives Municipales de Reims.

[121] Archives Municipales de Reims.

[122] Registres particuliers ; n° 1740.

[123] Notes locales.

[124] Le mardi saint, 3 avril 1792, Diot vint bénir le cimetière de Saint-Rémi et Saint-Maurice. Registres de la Paroisse de Saint-Rémi.

[125] Archives Municipales de Reims : lettre Orange.

[126] Raussin. – Abbé MILLARD – Archives des Sociétés populaires. – Notes particulières.

[127] Registres paroissiaux. – Abbé MILLARD. – Archives de Meaux.

[128] Il semble plus probable que Noël ait été vicaire aux débuts à Chambrecy, puis à la paroisse de Saint-Rémi où la date de son arrivée est certaine. Quant à Belval, rien n'a été trouvé.

[129] Archives Nationales : W 495, 505.

[130] Ces données sont fournies par BLIARD : Jureurs et insermentés, p. 399, où Noël est inscrit parmi les ecclésiastiques traduits au tribunal révolutionnaire et dans les apostats repentants. F19 888. AFIV,1916.

[131] Bulletin du diocèse de Reims; 1904, p. 516.

[132] Ces renseignements sont extraits en bonne partie de la Notice que M. L’abbé CERF a consacrée à l’abbé Anot. Il y a joint sur l’abbé Malfillâtre des renseignements que nous avons complétés.

  François Malfillâtre, né à Reims en 1778, ordonné à Meaux et secrétaire épiscopal en mars 1814, fut nommé chanoine titulaire de Tour le 3 mai 1807. Il a été agrégé en 1814 au clergé de Saint-Germain-des-Prés. Il est mort le 11 novembre 1841, avec un renom de science et de piété. Archives de Meaux.

[133] Archives de la Société populaire . - Voir : Travaux de l’Académie de Reims, tome CV, p. 273 : Rapport du Dr Pol Gosset.

[134] À l’enquête de l’an XII, se trouve l’exposé des ressources de M. Regnard, curé de Cormicy. La commune lui fournissait un traitement de 540 francs, une indemnité de logement de 100 francs et il estimait à 200 francs le revenu de son patrimoine. Archives Municipales de Reims.

[135] Consulté la Notice de M. l’abbé Alexandre HANNESSE sur M. Regnard.

[136] Il fut inhumé au Cimetière du Nord, à Reims, canton 9.

[137] Un autre discours prononcé le 9 octobre 1791 à la Société populaire a été également imprimé chez Vautrat et Lebâtard, à Reims. CR : 997.

[138] Reims, 1 volume in-12, 1796 – CR : 1689.

[139] Voir : Bulletin du Diocèse de Reims, 8 janvier 1910.

[140] Archives de la Société populaire : notes Lebourq.

[141] VOIR : Bulletin du diocèse de Reims, 1905.

[142] CR : 381, 22.

[143] Archives Municipales de Sacy, f° 34 – Manuscrit 1689.

[144] VOIR : Annuaire de 1831.

[145] Archives Municipales de Reims. – D’après Mgr TOURNEUR.

[146] À Sacy résidait alors le génovéfain Jean-Baptiste François GÉRUZEZ.

[147] Archives Municipales de Reims. Notes particulières. – Il fut inhumé au Cimetière du Nord, à Reims, canton 1.

[148] Registres paroissiaux. – VOIR : Annuaire de la Marne de 1839. Au 11 juin 1804, le nécrologe indique le décès d’un religieux minime du même nom.

[149] Archives Municipales de Reims. – Enquête de l’an VI.

[150] Archives de la Société populaire.

[151] Archives Municipales de Reims : 21 floréal an IV et 11 fructidor an VI.

[152] Registres paroissiaux d’Avaux.

[153] 1793. Archives de la section de la Montagne.

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