AD PERPETUAM REI MEMORIAM

EXTRAITS

AUTRES CHAPITRES RÉMOIS

      Henri HARDOUIN, né à Grandpré le 7 avril 1727, ordonné en 1751, après avoir été enfant de chœur à la maîtrise de Reims, en était devenu le maître de chapelle. Le 15 juin 1776, il succéda à Toussaint Bauny, dans le Chapitre de Sainte-Balsamie. Il était aussi chapelain de Saint-Calixte à Notre-Dame. En 1790, il a souscrit 300 livres de don patriotique. Hardouin fit le serment de liberté le 7 septembre 1792 ; celui de l’an V le 28 fructidor ; la déclaration pour le culte le 25 vendémiaire an IV ; il habitait alors rue Neuve, 83. Sa pension était de 1.000 livres. Le 11 pluviôse an VIII, il s’est soumis à la Constitution. Il s’était retiré à Grandpré chez un frère au mois de mai 1801 ; il y est mort le 13 août 1808. Ses compositions musicales continuent de faire admirer, à Notre-Dame, les talents du maître Hardouin.

 

      Jean-Charles Joseph Lefebvre, né à Reims sur la paroisse de Saint-Étienne, le 27 novembre 1750, et ordonné en 1775, commença par être vicaire de sa paroisse natale. Il est devenu chanoine de Sainte-Balsamie, le 29 juillet 1779, au décès de Nicolas Guillaume Le Sestre, et chapelain de Notre-Dame le 5 décembre 1781, après Bertrand Chavinier. Il fit don à la Nation de 650 livres en 1790. Ayant refusé comme vicaire de Saint-Étienne de se soumettre au serment constitutionnel, Lefebvre consentit à faire le serment de 1792 le 4 septembre, et celui de fructidor le dernier jour complémentaire de l’an V. Il déclara, le 27 vendémiaire an IV, vouloir exercer le culte à Reims. Il a administré jusqu’au Concordat la paroisse de Saint-Maurice. Sa maison de famille était rue des Murs, 16 ; son domicile en l’an V, rue de Vesle, 18. Il avait une pension de 800 livres réduite de 267 francs après le Concordat. Soumis le 13 pluviôse an VIII à la nouvelle Constitution, Lefebvre prêta encore, le 9 messidor an XI, le serment concordataire au titre de vicaire de Saint-Maurice. Il a conservé cet emploi jusqu’à sa mort, le 11 juillet 1824, rue Neuve, 138. Il était alors aussi chanoine honoraire.

 

      Jean-François Léthinois, du diocèse de Reims, est né le 1er février 1718 et a été ordonné le 18 mars 1747. Il avait fait son Quinquennium. Pendant huit ans il fut chapelain de l’Hôpital général de Reims. De 1756 à 1774, curé de Sainte-Marie-à-Py avec la charge de doyen rural de Bétheniville dans les dernières années. Transféré en 1774 à la cure de Chouilly, il la quitta pour devenir, le 3 juillet 1778, chanoine de Sainte-Balsamie en place de Rémi Guillaume Lefils, promu chanoine de Saint-Symphorien. En 1790, il avait souscrit 216 livres pour la Nation. Léthinois refusa le serment : aussi est-il sur la liste des insermentés et même comme condamné. En effet, à cause de son grand âge, il a été reclus à Châlons-sur-Marne, le 15 ou le 16 février 1793 ; on l’emprisonna au Vieil-Évêché avec d’autres vieillards fidèles comme lui. Le 19 mars 1795 ils furent libérés. C’est la dernière mention que nous avons pu trouver à son sujet : « Jean-François Léthinois, ex-prêtre de Reims, infirme, âgé de 70 ans, détenu 14 mois, insermenté. »

 

      (page 83) Gérard ALEXANDRE, né à Reims, paroisse de Saint-Pierre, le 25 juin 1734, a été ordonné le 23 décembre 1758. Il était gradué en théologie. Entre 1763 et mars 1785, il a été curé de Chavost. Le 2 mars 1784, il avait reçu le titre de chanoine de Saint-Symphorien devenu vacant par la démission de Simon Jean Hédouin et le titre de chapelain de Notre-Dame après l’abandon que lui en avait fait Jean-Baptiste Thierrion au mois de juin 1778. Cette dernière prébende lui procurait environ 200 livres, charges déduites. Il offrit 600 livres de don patriotique en 1790. Gérard Alexandre refusa le serment. Il demeurait dans sa famille, à Reims, lorsque, vers le soir du 3 septembre 1792, il fut saisi par les émeutiers, entraîné sur la place de l’Hôtel de Ville, et, sans aucun jugement, percé de coups, puis jeté, vivant encore, dans un bûcher [48].

 

      Jean-Baptiste Antoine BARROIS, né à Reims le 6 avril 1725, jouissait, avant sa prêtrise même, dès le 31 août 1746, de la chapelle Saint-Rémi à Notre-Dame de Reims, et de celle de Sainte-Anne et Sainte-Catherine à Dompierre-en-Lorraine, diocèse de Toul, « comme patron laïc nommé par son père. » Son ordination sacerdotale était de 1749. Il devint chanoine de Saint-Symphorien en 1760, au décès de Marc Antoine Bidault. Il habitait la rue de l’École de Médecine. Il offrit 400 livres à la Nation en 1790. Barrois fit le serment de liberté, le 16 août 1792 ; la déclaration pour le culte, le 21 vendémiaire an IV ; le serment de haine à la royauté, le 29 fructidor an V. Il jouissait d’une pension de 1.000 livres ; enfin il promit fidélité à la Constitution, de l’an VIII. Il est mort à Reims, le 13 juin 1806, à 81 ans.

 

      Claude Martin DELIGNY était né à Reims le 11 novembre 1750, avait été ordonné en 1774 et était gradué en théologie. Après un vicariat à Saint-Jacques de Reims, il avait succédé à Jean Discret comme curé de Cernay-en-Dormois, le 25 août 1783, lorsque, le 26 février 1784, il permuta pour devenir chanoine de Saint-Symphorien et chapelain de Notre-Dame au lieu de Nicolas Baronnet. Il a déclaré, le 30 mars 1790, que sa prébende était grevée d’une pension de 400 livres au profit de l’un de ses prédécesseurs, Hillet, chanoine vétéran. Claude Martin Deligny a fait le serment de 1792 le 4 septembre ; la déclaration pour le culte, le 18 vendémiaire an IV ; il habitait alors rue Saint-Denis, 63. Il recevait 800 livres de pension. En 1795, Deligny a fait publier un Examen du serment de liberté (chez Lebâtard, 30 pages environ).

      Il avait passé à Cernay-en-Dormois les deux années V et VI. Le serment de fructidor fut prêté le 17 vendémiaire an VII ; la promesse de l’an VIII est du 9 pluviôse. En vendémiaire an XIII, Deligny a été nommé cure de Sainte-Menehould. Il y jouissait de 267 francs de pension. Il est mort dans sa paroisse.

 

      François Rémi GANGAND, né à Saint-Étienne-à-Arne le 20 avril 1751, gradue de l’Université de Reims, avait été ordonné le 25 mai 1782. En 1783 il était prêtre habitué au Temple de Reims, en 1787 vicaire à Saint-André des faubourgs. Pourvu d’une chapelle de Saint-Nicaise à Saint-Hilaire-le-Petit, le 28 octobre 1786, il est devenu, en 1784, chanoine de Saint-Symphorien au décès de Louis Joseph Lebrun.

      Choisi pour être l’un des vicaires épiscopaux par son ancien collègue Nicolas Diot qui devenait évêque de la Marne, Gangand fit serment en cette qualité, le 15 mai 1791, à Notre-Dame dont il resta vicaire jusqu’à la Terreur. Diot lui avait aussi donné place dans le Presbytère épiscopal créé le 11 vendémiaire an V pour administrer le diocèse. Retiré à Saint-Étienne-à-Arne depuis l’an IV, il y avait prêté le serment de fructidor, le 23 frimaire an VI. Le 9 pluviôse an VI « Gangand vint s’ingérer à Attigny dans l’exercice des fonctions ecclésiastiques.[49] » Il y est mort « de langueur », la 10 frimaire an VII, « homme d’un caractère doux et pacifique.[50] »

 

      Louis Marie LABASSÉE est né à Reims le 28 août 1720 ; il a été ordonné en avril 1745 et possédait ses grades théologiques. Après avoir été quelques mois vicaire à Courmoyeux, un an à Fismes, trois ans à Saint-Symphorien, il a été nommé en 1749 curé de Saint-Maurice. Il a quitté cette charge en septembre 1781 pour entrer dans le Chapitre de Saint-Symphorien au départ de Claude Joseph Gobréau. Depuis le 3 août 1778, il jouissait déjà du titre de chapelain de Notre-Dame que lui avait laissé Simon Larbre. Labassée donna 450 livres pour la Nation en 1790. Il habitait rue du Bois de Vincennes, 9. Il avait prêté le serment de liberté le 22 août 1792 ; s’était abstenu de tout ministère depuis la Terreur jusqu’à sa déclaration pour exercer le culte, qui fut inscrite le 23 vendémiaire an IV. Il recevait 1.000 livres de pension ; fit le serment de fructidor le 17 ventôse an VII, et l’acte de soumission de l’an VIII le 9 pluviôse. Labassée est mort à Reims à 83 ans, le 18 messidor an XI (7 juillet 1803).

 

      Jacques Thomas LAMBERT prit naissance à Reims en la paroisse de Saint-Timothée le 16  septembre 1729. Il avait été ordonné en 1754. Depuis 1778, il avait rang dans le Chapitre de Saint-Symphorien et parmi les chapelains de Notre-Dame. Le chanoine Lambert avait prêté le serment de 1792 le 18 août. Épouvanté sans doute par les massacres, il avait obtenu le 19 septembre un passeport pour Sedan ; mais il était promptement revenu à Reims. Une imprudence amicale l’en fit expulser : on l’avait surpris, le 16 mai 1793, à parcourir les promenades de Reims en compagnie du chanoine Laubry ; tous deux furent dénoncés. Laubry fut interné à Châlons :

      « Le vieil abbé Lambert et le jeune Varlet, tonsuré, furent bannis par le pitoyable comité de sûreté générale sous prétexte de jadis émigration.[51] »

      Lambert revint à Reims après la loi de prairial an III ; il a fait sa déclaration pour le culte le 19 vendémiaire an IV ; il habitait rue du Renard. Sa pension était de 1.000 livres. Il fit le serment de l’an V le 28 fructidor, domicilié alors rue des Chapelains, 2.

 

      Remi Guillaume LEFILS, né à Reims en la paroisse de Saint-Pierre, le 29 février 1740, fut ordonné le 7 avril 1764 et reçut le titre de docteur en 1766. Il a succédé, le 14 septembre 1777, dans le Chapitre de Saint-Symphorien, à Pierre Alexis Guérin, devenu chanoine de Notre-Dame ; il était le receveur du Chapitre et fit, à ce titre, la déclaration de 1790. Sa souscription patriotique fut de 150 livres. Collègue de Nicolas Diot à Saint-Symphorien, il fut appelé par lui à partager comme vicaire épiscopal l’administration du diocèse de la Marne et de la paroisse de Notre-Dame. Lefils a fait serment à la cathédrale, le 15 mai 1791, à la suite de l’évêque. Il a pris une part très active au ministère de la paroisse. Le serment de 1792 est du 1er octobre. Après la suppression des vicaires épiscopaux, Lefils se retira à Villers-aux-Nœurds. Il y fit la déclaration pour exercer le culte le 3 brumaire an IV, le serment de fructidor le 3e jour complémentaire de l’an V. Il y recevait encore, en l’an VIII, les 1.000 livres de pension qui lui étaient attribuées. En instituant sous le nom de Presbytère un conseil épiscopal en l’an V, Diot avait appelé Lefils à occuper la première place parmi ses nouveaux coopérateurs.

      En messidor an XII, Lefils avait été nommé pour desservir Lavannes et Caurel. Il était titulaire de 333 francs de pension comme ancien vicaire épiscopal. Il est mort dans ce ministère, le 22 mars 1818, à Caurel, en faisant la procession qui précédait alors la messe.

      En 1767 avait été publié chez Jeunehomme une ode dont il est l’auteur sur la mort de la Dauphine.

 

      Jean-François MUIRON, né à Reims le 25 mai 1719, ordonné en 1743, gradué, a d’abord été vicaire de Cormicy et, en 1750, curé de Bouvancourt. Le 6 septembre 1784, il était nommé chanoine de Saint-Timothée en place de Thiéry, démissionnaire. Muiron a prêté le serment de liberté, le 17 août 1792 ; au 16 septembre 1793, un passeport lui était délivré pour Asfeld, Rethel et lieux environnants. Le 25 vendémiaire an IV, il faisait sa déclaration pour le culte ; le serment de l’an V fut prêté le 1er jour complémentaire de l’an V. Sa pension était de 730 livres. Il est mort à Reims, rue des Carmélites, le 22 octobre 1806, à 88 ans.

Chapelains de Notre-Dame

      Pierre Delacourt, né à Leffincourt vers 1732 et ordonné en 1756, était chapelain de Notre-Dame depuis 1782. Il refusa de faire serment et même il est inscrit parmi les émigrés. On peut douter de la réalité de cette émigration ; car, le 7 ventôse an II, Pierre Delacourt, chapelain de Reims, passible de la détention comme sexagénaire, a été interné au Vieil-Évêché de Châlons-sur-Marne et n’a été libéré que le 3 germinal an III. À cette date, il a demandé à demeurer un mois à Châlons et le surplus à Reims chez un citoyen Desmarest, marchand de bois, « le tout dans un esprit de paix et de charité. » Telle était sa détresse qu’il avait besoin qu’on lui avançât le prix de son retour à Reims : « Il espérait des actes d’humanité à son égard sans opposition ni contradiction. » Le serment concordataire a été prêté le 6 prairial an X. Pierre Delacourt est mort à Reims, rue de Thillois, le 2 juin 1815, à 83 ans.

 

      Jacques Nicolas DELAUNOIS était né à Reims le 27 juillet 1750. Il avait été ordonné en 1775 et jouissait de ses grades. Curé des Grandes-Loges, le 28 octobre 1776, par le choix de son prédécesseur Nicolas Thierry Jacquemart, il était aussi, de puis le 4 août 1784, chapelain de Notre-Dame après défunt Guillaume Depaquy. Il quitté, en 1787, la cure des Grandes-Loges pour celle d’Orainville, au diocèse de Laon. Delaunois refusa de faire serment et se réfugia à Reims d’où le chassèrent les massacres. Le 6 septembre 1792, il partit pour Namur (n° 6156)) et plus tard à Munster où il eut l’occasion de remercier Mme Louise Adélaïde de Bourbon qui aurait voulu l’attacher à sa maison [52]. Le 25 nivôse an VIII il était rentré à Reims, soumis à une étroite surveillance et obligé à se présenter, une fois chaque décade, devant les autorités [53]. Une première fois, le 30 floréal an X, et de nouveau le 29 messidor an XI, Delaunois a fait acte d’adhésion au Concordat ; il était devenu chapelain de Saint-Marcoul et vicaire de Notre-Dame avec une pension de 267 francs. Il est mort, chanoine honoraire, le 26 janvier 1830, à 79 ans et demi, dans sa maison rue du Bourg Saint-Denis. Il a sa sépulture au cimetière du Nord [54].

 

      Jean-Nicolas DEMAIN était né à Reims et sur la paroisse Saint-Étienne le 3 janvier 1763. Il avait été ordonné le 17 mai 1788. Depuis son sous-diaconat il était chapelain de Notre-Dame. Quand il fut prêtre, son ministère particulier s’exerçait à l’Hôpital général : « ci-devant desservant de la maison d’Humanité », dit l’Almanach de 1792. Il demeurait rue des Bouchers. Non seulement il fit le serment ; mais, le 12 prairial an II, le Conseil général expose que « le citoyen Demain, ci-devant desservant à la maison d’Humanité, dépose ses lettres de prêtrise et déclare renoncer à l’indemnité accordée en pareil cas » [55]. Le Conseil arrête « que lesdites lettres seront brûlées à la fête de l’Être Suprême, le 20 prairial ». La mesure fut différée jusqu’au 1er thermidor où les lettres ont été brûlées en séance du Conseil [56]. En nivôse an VI, Demain avait quitté Reims. En effet, un jugement du 5 brumaire an III dit que Jean-Nicolas demain, prêtre instituteur, ex-chapelain de la ci-devant cathédrale, à présent bonnetier et demeurant chez son père a été traduit au tribunal de Paris et mis en liberté. On retrouve le nom de Demain en 1817 ; comme ex-chapelain, il recevait une pension de 178 francs.

 

      Jean-Baptiste HAGUENIN est né à Avançon ; les documents administratifs ont donné deux dates différentes pour sa naissance, le 21 août 1731 ou le 24 août 1735. Son ordination sacerdotale, en 1758 ou 1759, inclinerait à admettre de préférence la date de 1731. Quoi qu’il en soit, depuis le 10 septembre 1765, Haguenin était à Notre-Dame l’un des chapelains qu’on appelait de l’ancienne congrégation. Sa charge paraît avoir été celle de vicaire chantre comme il faisait à Saint-Jacques depuis 1770.

      Haguenin a été fortement mêlé à Reims aux événements de la Révolution. Il avait été l’un des délégués pour la nomination de l’évêque constitutionnel et pour celle des juges du tribunal de district. À son occasion une mésintelligence s’était élevée entre les corps constitués qui prétendaient imposer aux chanoines le choix de l’abbé Haguenin pour célébrer la messe, tandis que les chanoines revendiquaient pour eux seuls le privilège de célébrer les messes chantées à Notre-Dame. Au mois de mai 1791, Haguenin fut élu curé constitutionnel de Muizon. Il fit serment le 5 juin 1791, et le serment de liberté le 15 août 1792. À la Terreur, il avait quitté Muizon pour Reims, puisque du 22 au 30 ventôse an II, parmi les nouveaux membres admis dans la société des Jacobins de Reims se trouve « Jean-Baptiste Haguenin, ex-prêtre ». Comme il avait renoncé à exercer le culte, il s’abstint de faire une déclaration à cet égard. Au 1er vendémiaire an VI, on le trouve à Pévy où il fait le serment de fructidor. Bien qu’il soit dénommé curé, il n’en faisait pas les fonctions. Haguenin est mort à Reims le 1er octobre 1808, et il est qualifié « d’ancien chapelain de Notre-Dame ».

 

      Emmanuel POLONCEAU, d’une famille rémoise de la paroisse de Saint-Michel, était né le 27 mai 1763. Le 27 novembre 1783, il était chapelain de Notre-Dame au décès de Nicaise de la Motte, curé de Saint-Hilaire. Il devint bénéficier et vicaire général de Lisieux sous Mgr de la Ferronays. En 1788, il était à Paris, à Saint-Roch. Polonceau avait refusé le serment constitutionnel et s’était caché. On le trouve  à Reims en 1792 où il fait le serment de liberté, le 4 septembre. Comme bien avant l’an IV il s’était abstenu de tout exercice du culte, il ne fit aucune déclaration pour le reprendre.

      Au retour de la paix religieuse, il fut d’abord professeur d’humanités et de grec au Lycée de Reims ; en 1809, censeur à Moulins ; en 1810, proviseur à Napoléonville ; en 1812, au Lycée d’Orléans ; en 1815, à Douai où il recevait une pension de 182 francs. C’est lui qui a fondé à Reims un prix de concours entre les élèves de rhétorique (page 102) et de philosophie du Lycée et du Séminaire. Polonceau est mort à Paris en 1857 ; il était attaché à la paroisse de Saint-Roch et c’était un causeur très recherché [57].

 

      Jean-Pierre TROUSSIN, né à Reims, sur Saint-André, le 17 novembre 1747, avait été ordonné en décembre 1772. Après un vicariat à Asfeld, il a été nommé curé de Saint-Étienne-sur-Suippe au décès de Jean Legrand. Installé le 24 janvier 1777, il a résigné cette paroisse, le 14 décembre 1779, pour devenir chapelain de Notre-Dame en place de Jean-Baptiste Barbelet et, en 1785, notaire apostolique après Sébastien René Lecomte ; parfois aussi il est nommé « grand-prêtre à la cathédrale ». Troussin était le receveur de MM. Les chapelains de l’ancienne Congrégation ; il a déclaré leurs revenus et charges, le 12 février 1790. Troussin avait fait le serment de liberté, le 16 août 1792. Sa pension était de 800 livres. Depuis 1790 jusqu’à l’enquête de nivôse an VI, il s’était abstenu de toute fonction ecclésiastique. Il a fait le serment de fructidor, le 28 nivôse an VII et l’acte de soumission de l’an VIII, le 9 pluviôse ; il habitait rue Cérès. Troussin est mort à Reims, rue de l’École de Médecine, le 8 janvier 1809, à 61 ans.

Professeurs
au Collège de Reims

      Jacques CHANZY est né à Terron-sur-Aisne, le 18 juillet 1754 ; il a été ordonné le 20 mars 1779 et était gradué. Qualifié en juillet 1780 de sous-principal du Collège de Reims, il était chargé d’y professer la cinquième. Il émigra volontairement et est inscrit sur la liste officielle, après refus formel du serment. En 1802 et jusqu’en 1809, il enseigna au Collège Saint-Denis de Reims. De 1809 à 1813 il fut professeur au Lycée de Reims, « instruisant par surcroît de futurs séminaristes ». En 1820, il était professeur au Petit Séminaire. « Sa charité pour les pauvres était inépuisable et son dévouement aux malades fort apprécié ». Chanzy demeurait rue du Bourg Saint-Denis, 18. Il avait été nommé chanoine honoraire. Sa mort survint le 3 mai 1833 : il avait 79 ans et demi. Son monument fut élevé par souscription [58].

 

      Pierre Nicolas LEGROS était principal du Collège de Reims à la Révolution.

      Né à Saint-Germainmont, le 26 juin 1753, il avait été ordonné le 20 décembre 1777. Il était licencié en théologie et docteur ès-lettres. Au 7 février 1780, Guillaume Borgnet, curé de Villers-devant-Raucourt, avait fait abandon de sa modeste paroisse à son brillant compatriote. Le projet n’eut pas de suite. Sous-principal en 1782, Legros avait été nommé principal le 26 avril 1788, au décès de Charles Jean-Baptiste Lesurié. En 1790, il avait offert 300 livres comme don patriotique. Il refusa le serment. Le 17 janvier 1792 lui était intimée par le district de Reims l’injonction suivante :

      « Legros ci-devant principal du collège de Reims et qui en a occupé la place jusqu’au remplacement sera averti que ledit remplacement doit s’effectuer cejoudhuy trois heures de relevée qui a été fixé pour l’installation du sieur de la Rue en qualité de principal… Sera averti de ne plus s’immiscer dans aucune fonction comme principal du collège de Reims et cédera audit de la Rue tous les bâtiments dépendants dudit collège. »

      Legros émigra volontairement et est inscrit sur la liste de l’an II. De retour en 1803, il avait ouvert un collège, le 8 octobre, dans l’ancien couvent de Saint-Denis. En 1805, il était chanoine honoraire de Meaux : en 1808, membre du conseil épiscopal : en 1809 proviseur du Lycée de Reims, officier de l’Université et chevalier de la Légion d’honneur. Il demeurait rue de la Poissonnerie, 4. À sa mort, le 20 janvier 1832, Legros était vicaire général du diocèse [59].

 

      Jean-Nicolas MAQUART, né aux Mazures le 6 avril 1752, ordonné le 1er juin 1776, était depuis 1781, professeur de rhétorique au Collège de Reims. Il refusa de faire serment. Le 25 avril 1791, il avait pris un passeport pour se rendre à Guise (n° 392). Il émigra, devint à Gand directeur de l’école des jeunes nobles jusqu’à ce que l’arrivée des troupes françaises l’obligeât à s’éloigner. En 1793, il était à Maastricht. Il est allé en Suède, puis à Saint-Pétersbourg où il dirigeait l’Institut des jeunes nobles avec le concours de son jeune frère Claude Joseph Maquart. Il ne rentra en France qu’en 1810. C’est à lui que Reims a dû de n’être pas incendié en 1814.

      Dans le Collège royal de Reims, il avait la chaire de philosophie. Il demeurait rue de l’Université. Au 1er décembre 1821, Jean Nicolas Maquart fut nommé vicaire général de Mgr de Coucy. Il était membre de la Légion d’honneur. Il est mort le 4 juin 1831, à 79 ans.

 

      Pierre Louis MERLIN, né à Saulces-aux-Bois le 23 octobre 1753, avait été ordonné le 20 décembre 1777. En 1778, il était prêtre-sacristain à Saint-Étienne de Reims ; puis vicaire de Saint-Timothée et de Saint-Symphorien. C’est en se livrant à ces emplois qu’il s’était préparé au grade de docteur en théologie qui lui fut conféré en 1782. Au 19 mars 1786, il avait la charge d’enseigner la théologie. Depuis 1784, Merlin avait été pourvu d’une chapelle à Notre-Dame. En 1790, il a versé 72 livres comme don patriotique. Il refusa le serment. Pierre Louis Merlin avait pris, le 23 mai 1791, un passeport (n° 482) pour Dinant-sur-Meuse. En 1793, il était parmi les réfugiés de notre diocèse à Maastricht. Aussi est-il non seulement sur la liste officielle de 1794 : « Pierre Louis Merlin, professeur de théologie » ; mais même sur la liste du 28 thermidor an X qui le range parmi les simples déportés.

      Au 1er messidor an XII, il desservait Saint-Fargeux avec une pension réduite à 149 fr. 66. Dans le Chapitre reconstitué, il a été nommé chanoine titulaire et grand pénitencier, le 5 janvier 1824. À son décès, le 24 juin 1824, il demeurait rue Neuve, 90, et avait la charge de vicaire capitulaire.

 

      Louis Victor PARANT est né à Reims en 1753. Il a été ordonné le 24 mai 1777. Depuis 1781, il occupait au Collège la chaire de seconde. Il avait refusé de faire serment et resta à Reims jusqu’au 7 septembre 1792 où il a pris un passeport (n° 6199) pour Dinant.

      Parant a fait le serment concordataire à Reims, le 29 floréal an X, à son retour de Westphalie. Professeur de philosophie au Collège Saint-Denis, il a occupé la même chaire au lycée. C’était un humaniste remarquable. On lui doit l’hymne et la prose de saint Thibault, patron de Château-Porcien. Quoique royaliste irréductible, il avait fait un discours latin sur le mariage de Napoléon. Il habitait rue du Marché-aux-Draps. Il est mort le 5 janvier 1816, à 63 ans.

DIVERS

Joseph Playcart de Raigecourt de GOURNAY, né à Nancy le 13 mars 1754, ordonné en 1778, avait été aux Séminaires de Lyon d’Autun et d’Angers comme directeur avant d’être envoyé à Reims en 1787. Ayant, comme tous ses collègues du Séminaire, refusé de faire serment et de communiquer avec Nicolas Diot, M. de Gournay avait pris, dès le 31 mai 1791, un passeport (n° 540) de voyage à destination de Charleville : « Joseph Plécart de tachecourt gournet directeur au Séminaire ». Mais il revint à Reims et ne le quitta définitivement que le 12 septembre 1792 pour se rendre à Namur comme déporté volontaire (n° 6431). Il se réfugia à Munster, puis en Styrie. Au Concordat, M. de Gournay fut d’abord directeur au Séminaire d’Autun. En 1822, il est devenu supérieur du Séminaire de Reims où il avait aussi le titre de vicaire général honoraire. Il prit sa retraite à Reims en 1836 et il y est mort à 88 ans, le 5 juin 1842.

 

      Nicolas MALHERBE, est né à Charleville le 9 janvier 1740, ordonné à Noël en 1764, il était docteur en théologie en 1766. Desservant de Muizon pendant deux ans, puis curé de Montmarin et Guvry-sur-Aisne entre le 9 février 1768 et le 22 mars 1777, Malherbe a laissé sur ce dernier ministère un remarquable Rapport à l’enquête de 1774. Il a été rappelé à Saint-Pierre-le-Vieil comme curé par le choix de son prédécesseur Nicolas Le Roy, et fut installé le 20 novembre 1777. Signataire comme les curés fidèles de Reims de la lettre de protestation adressée à Mgr de Talleyrand le 29 décembre 1790, Malherbe refusa de faire serment et poursuivit ses fonctions jusqu’à l’arrivée du ciré constitutionnel, Armand Vitu, qui lui avait été substitué le 5 juin 1791.

      Malherbe s’était retiré d’abord à Charleville. Beaucourt a prétendu que, avers avril 1792

      « On aurait obligé M. Malherbe ci-devant curé de Saint-Pierre de Reims à prêter le serment civique dans toute son intégralité et à sauter pour la Constitution. Il l’aurait fait, de mauvaise grâce, mais il l’aurait fait. Puis on lui a permis et même conseillé de quitter la ville et on lui a fait promettre qu’il n’y rentrerait plus » [60].

      À la suite de cette scène de violence outrageante, si elle est vraie, Malherbe passa à l’étranger. Son nom se trouve sur la liste officielle des émigrés de l’an II et aussi sur une liste du 25 prairial an X où il est simplement qualifié de prêtre déporté. C’est à l’Angleterre qu’il avait demandé un asile.

      Le 3 nivôse an XI était approuvée par le Gouvernement la nomination de Nicolas Malherbe comme curé de la nouvelle paroisse de Notre-Dame de Reims, avec la pension de 333 francs. Il l’a gouvernée jusqu’à sa mort qui survint le 1er janvier 1820. Sur sa tombe fut gravée son éloge funèbre : « Exul pro fide et rege ; pacis conciliator ; cleri decus ; pauperum pater ; omnibus flebilis ac desiderabilis ». [61]

      On remarque que Nicolas Malherbe avait pu obtenir que la cathédrale fût mise en possession des biens qui n’avaient pas été vendus à la Révolution. Une correspondance quelque peu vive a été échangée, en 1805, avec l’évêque de Meaux ; elle prouve que l’abbé Malherbe était opposé au rétablissement du Chapitre dans Notre-Dame devenue paroisse, de crainte de conflits [62].

 

      Pierre Antoine Louis LEUILLIET, né à Reims le 1er décembre 1763, sur la paroisse de Saint-Étienne, ordonné le 22 décembre 1787, était, à la Révolution, l’un des vicaires de Saint-Pierre. Comme M. Malherbe, il refusa de prêter serment et quitta Reims, le 8 septembre 1792. Il alla à Namur et, en 1793, à Maastricht [63].

      On ne retrouve son nom que le 1er octobre 1817 : à cette date lui a été confiée la paroisse de Ludes avec cette mention: « Prêtre du diocèse qui n’était pas employé ». Leuilliet devint chanoine titulaire de Notre-Dame en 1834. Il demeurait rue de Vesle, 19. Il est mort le 28 décembre 1843, à 80 ans, laissant à ses contemporains un souvenir de jovialité qui s’est transmis jusqu’à nous.

 

      Pierre Joseph PÂRIS, né à Marlemont le 14 février 1765, ordonné en 1789, était prêtre auxiliaire à Saint-Pierre-le-Vieil ; il fut l’imitateur intrépide de la fidélité de M. Malherbe et on est en droit de dire qu’il mettait aux abois les jacobins et les policiers de Reims. Le 27 messidor an II, en pleine Terreur, le comité Le Pelletier dénonçait Pâris au comité de la Réunion:

      « C’est un prêtre réfractaire qui, le jour saint Pierre dernier, vieux style, a osé dire la messe chez Godon et qui est encore dans Reims... Ce scélérat s’appelle Pierre Joseph Pâris, ou du nom de sa mère Bertrand, ou encore Rispa... Il est né à Marlemont... Débarrassons-nous citoyens de ce perturbateur et nous servirons bien la république. »

      Nanti de cette dénonciation si précise, un commissaire, nommé Pierquet, multipliait les enquêtes :

      « D’après tous les rapports, je suis parvenu à connaître que cet individu avait réellement existé dans notre commune il y a six mois, et celui qui me l’a dit, ne l’a pas revu depuis ce temps ; il m’a promis que si le hasard le faisait rencontrer, il prouverait son patriotisme en me prévenant sur le champ. »

Malgré les éloges décernés au commissaire par le comité de surveillance, Pâris demeurait introuvable. On mit en mouvement le Conseil de Ville ; voici comment il signalait le malheureux proscrit :

      « Cet individu aussi méprisable que dangereux a la ruse de prendre tantôt le nom de Rispa, tantôt celui de Pâris et aussi parfois de celui de Bertrand ; mais toujours ses prénoms sont ceux de Pierre Joseph. »

      On fit même appel contre lui à l’intimidation de faibles servantes : le 3 thermidor, on arrêtait, on jetait en prison Marie Jarlot, convaincue d’avoir, pendant qu’elle était servante chez Godon, assisté à des messes de prêtres réfractaires. Elle en avait connu trois : Ludinart, Victor Mailfait et Pâris... « qui a dit la messe le jour de saint Pierre ». Les ruses des policiers furent déjouées par le dévouement des catholiques et Pâris échappa à toutes les recherches [64].

      Au 8 vendémiaire an IV, sa résidence à Reims était constatée rue de Tambour. Mais comme il s’est abstenu de faire la déclaration exigée pour l’exercice du culte, toute fonction du ministère continua de lui être interdite. Pierre Joseph Pâris est devenu desservant de Liart, en l’an XII ; de Neuville-Day, le 20 juin 1806 ; de Logny-Bogny, le 1 octobre 1816 avec pension de 267 francs. Il est mort curé de Marlemont, le 28 avril 1837.

 

      Jean-Baptiste Remi THIÉRY est né à Challerange le 28 septembre 1746. Il eut besoin de dispenses pour son ordination parce qu’il avait perdu l’œil droit. Il fut fait prêtre à Noël 1770 et reçut, en 1774, le titre de docteur en théologie. Après avoir été vicaire de Saint-Julien en 1774, de Saint-Étienne en 1779, il fut appelé, le 7 décembre 1783, à succéder comme curé de Saint-Hilaire à défunt Nicaise de la Motte. Il poursuivit son ministère jusqu’à la suppression de la paroisse, 5 juin 1791. Telle était l’estime dont il était entouré qu’au mois de février 1791, quand le Conseil de Reims voulait réduire le nombre des paroisses, Béguin de Savigny déposait sur le bureau du conseil de fabrique la résolution suivante :

      « Les paroissiens de Saint-Hilaire ne connaissaient que leur curé, l’abbé Thiéry, et n’entendaient pas être réunis à une autre paroisse ».

      Aucun curé de Reims ne subit de plus violentes attaques dans les feuilles révolutionnaires à cause de son refus de serment. Ainsi, le 12 avril 1791, Beaumont lui reprocha d’avoir refusé à un prêtre assermenté l’autorisation de baptiser un enfant dans l’église de Saint-Hilaire et il ajoutait avec dérision :

      « MM. les curés ne seront pas martyrisés ; ils ne l’obtiendront pas d’un peuple trop humain, trop patriote, trop ami des lois et trop chrétien pour envoyer au Ciel des gens qui n’y seraient pas reçus. » [65]

      Le 30 avril, l’abbé Thiéry est tourné en dérision parce qu’on l’encense aux Vêpres de Pâques ; il est blâmé de ne pas faire chanter : « Domine, salvos fac gentem et regem », etc., etc. Dès le 25 mai 1791, l’abbé Thiéry et les chanoines Lecourt et Lecomte avaient réclamé ensemble leurs passeports ; les calomnies de Beaucourt le poursuivent à l’étranger :

      « 3 Janvier 1792 : Sur les terres de l’Empire, Thiéry a été vu déguisé en officier de dragons ; il essayait de racoler des jeunes gens pour le parti des émigrants. Deux de ces jeunes gens se sont laissés traiter par lui et, au moment de signer... ils l’ont souffleté... » [66]

      Cependant au 24 mars 1792, ses biens furent mis sous séquestre ; son nom était inscrit officiellement sur la liste des émigrés. Lui-même habitait Maastricht en 1793. Le 19 brumaire an II, à Challerange, sa sœur Marie-Christine fut saisie et internée au Mont-Dieu à cause de l’absence de son frère.

      Au 1 messidor an VIII, soixante chefs de famille au moins réclamèrent auprès du Conseil de Reims ; d’après leur attestation :

      « L’abbé Jean-Baptiste Remi Thiéry, ancien curé de Saint-Hilaire, était digne de toute estime ; son refus de serment en 1790 avait servi de prétexte à des calomnies qui l’avait obligé à fuir au risque même de sa vie. » [67]

      Thiéry fut autorisé à revenir en France. Le 27 floréal an XI, il prêtait le serment concordataire au titre de vicaire de Notre-Dame. Membre du Conseil épiscopal le 1 août 1806, vice-promoteur diocésain le 7 mai 1807 et depuis le 26 septembre 1805 chanoine honoraire de Meaux, il avait été admis à une pension de 267 francs. Il recueillit, en 1820, la succession de M. Malherbe, décédé curé de la cathédrale. Thiéry fut encore doyen de la Cathédrale, archidiacre des saints Sixte et Sinice, enfin chanoine titulaire dans le Chapitre reconstitué au 1 décembre 1821. Il est mort à Reims, rue Neuve Notre-Dame, le 28 août 1831, à 84 ans.

 

      Jean-Baptiste SAVAR, le curé qui avait soin de la paroisse de Saint-Symphorien et qui avait le titre de chanoine de cette collégiale, était le plus jeune des trois frères de ce nom. Né à Nanteuil-la-Fosse le 11 mars 1734, ordonné le 23 décembre 1758, docteur en théologie depuis 1768 ; curé de Saint-Julien en 1776 ; principal du Collège en 1770 ; curé de Saint-Jean-sur-Tourbe, puis de Varennes, entre 1773 et 1786. Le 6 avril 1786, au décès de Jean Taton, Jean-Baptiste Savar lui avait succédé dans la cure de Saint-Symphorien jusqu’en juin 1791. Son offrande à la Nation en 1790 avait été de 300 livres. Il refusa le serment. Dès le 4 juin 1791, il s’était muni d’un passeport dont il ne fit pas usage. Il resta à Reims jusqu’au 8 septembre 1792 et partit alors pour Namur avec son frère André Nicolas, curé de Saint-Jacques; Ensemble ils revinrent pendant l’accalmie de vendémiaire an IV ; ensemble ils reprirent en l’an V le chemin de l’exil plutôt que de faire le serment de haine à la royauté. Durant leur séjour à Reims ils exerçaient en secret le ministère des prêtres fidèles. Jean-Baptiste Savar a fait le serment concordataire comme vicaire de Saint-Jacques. Il est mort dans cet emploi, le 17 mai 1808.

 

      Jean-Charles CHANTRAINE, né le 5 décembre 1755 à Mezy (Aisne), alors du diocèse de Laon, était prêtre sacristain à Saint-Symphorien et chapelain de Notre-Dame depuis le 27 octobre 1780. Lorsque fut supprimée la paroisse de Saint-Symphorien, il accepta d’abord d’être vicaire à Saint-André et fit serment en cette qualité, le 8 juillet 1791. En 1792, Chantraine devint prêtre-sacristain de Notre-Dame ; il a signé comme tel les procès-verbaux des inventaires du 19 et du 23 octobre 1792 : le 14 novembre 1792, « les châsses dégarnies ont été remises au citoyen Chantraine, sacristain de l’église cathédrale. » Sur un passeport (n° 2079) du 3 juillet 1793, on lui donne le titre de vicaire épiscopal. Il avait fait serment de liberté, le 15 septembre 1792.

      Le 5 brumaire an II, « un autel de la patrie avait été élevé sur le parvis de Notre-Dame ; on y a brûlé des tableaux représentant des rois, des papes, et des drapeaux qui étaient suspendus aux galeries de la cathédrale ayant rapport à la royauté avec un sceptre et une main de justice apportés par l’abbé Chantraine, vicaire de Notre-Dame. » [68]

      Le malheureux abbé aurait remis ses lettres de prêtrise. Il a dirigé la fabrication du salpêtre qui se faisait à l’ancien couvent des Augustins. Sa pension était de 633 livres. Il a fait le serment de fructidor, le 29 nivôse an VII. Chantraine est mort à Reims, place Barré, le 1er mai 1811, à 55 ans.

 

      André Nicolas SAVAR, né à Nanteuil-la-Fosse le 15 mai 1729, a été ordonné vers la fin de 1754 et devint docteur en théologie le 2 juin 1760. Il avait débuté dans le ministère comme vicaire de son frère aîné à Saint-Jacques. Après avoir été curé de Sommepy entre 1760 et 1769, il a succédé, le 17 juillet 1769, comme curé de Saint-Jacques à son frère Jean-François, devenu chanoine de Notre-Dame et théologal. En dépit de nombreuses contradictions, il avait continué les fonctions curiales jusqu’à la suppression de sa paroisse le 5 juin 1791.

      André Nicolas Savar avait refusé le serment ; toutefois, il était demeuré à Reims jusqu’au 8 septembre 1792. Il prit alors avec son jeune frère Jean-Baptiste Savar un passeport de déportation pour Namur (nos 6345 et 6346). Rentré en France à la faveur de la loi de prairial an III, il dut affronter un second exil pour se soustraire aux exigences de la loi du 19 fructidor; Vers 1798, il était revenu secrètement à Reims et dispensait aux fidèles les secours religieux ; l’autorisation de séjour lui fut donnée le 13 thermidor an VIII.

      Au Concordat, le 10 floréal an XI, André Nicolas Savar fut officiellement réintégré à la tête de la paroisse reconstituée de Saint-Jacques où sa pension était inscrite en 1817. Il est mort en fonctions, doyen de Reims et chanoine honoraire de Meaux, le 3 avril 1818, à 90 ans.

 

      Jean-Louis SOMMÉ, né à Sévigny-la-Forêt le 4 septembre 1760, frère du vicaire épiscopal Jean-François  Sommé, a été ordonné le 18 décembre 1784. Il devint chapelain de Saint-Jacques depuis le 29 août 1785 jusqu’au 5 juin 1791. A la fin de mai 1791, ayant refusé de faire serment, il avait pris un passeport pour Sévigny (n° 537) d’où il partit à l’étranger. En 1793 il était à Maastricht. Son nom se retrouve à Reims, le 27 floréal an XI où Sommé fit le serment concordataire comme vicaire de Saint-Jacques. Il en a exercé les fonctions jusqu’au 3 avril 1819 avec pension de 267 francs. A cette date il a succédé comme curé de Saint-Jacques à défunt André Nicolas Savar. Il est mort dans sa paroisse le 23 mars 1832.

 

      Charles LABBÉ qui est inscrit sur la liste des déportés de la Marne sous les prénoms de Charles Morel Labbé, était né à Belval en 1761 et avait reçu la prêtrise le 10 juin 1786. Après avoir été prêtre habitue de Saint-Hilaire de Reims, il était, à la Révolution, vicaire de Saint-Timothée. Rien de plus significatif que son dernier acte du 3 juin 1791 dans cette paroisse qui fut supprimée le 5 juin ; il a signé « Labbé Charles prêtre catholique romain ». Le 7 septembre 1792, il avait pris un passeport (n° 6200) pour Dinant. Mais il revint un des premiers à Reims pour exercer auprès des fidèles la périlleuse fonction de prêtre missionnaire autorisé par Mgr de Talleyrand. Encore au 29 avril 1802, Labbé écrivait dans un acte de mariage :

      A raison des circonstances difficiles et  fâcheuses dans lesquelles se trouve la religion catholique qui ne peut encore être exercée librement et publiquement ; vu l’absence de M. Malherbe curé catholique de la paroisse de Saint-Pierre lequel n’est pas de retour de son exil pour la foi, Charles Labbé, vicaire de Saint-Timothée de Reims et missionnaire de Mgr de Talleyrand, recevait le consentement de mariage et le célébrait en face de la sainte église ».[69]

      Le 1er prairial an X, Labbé a fait le serment concordataire. Au 3 prairial an XI, il a été attaché comme vicaire à la nouvelle paroisse de Saint-Rémi, qui succédait à celle de Saint-Timothée. Il est mort, le 26 janvier 1814, à 53 ans, dans sa maison de la rue Neuve, victime du dévouement dont il avait fait preuve en faveur des blessés militaires qui encombraient l’hôpital de Saint-Rémi [70].

 

      Claude Étienne MAROT, né à Monthois le 21 février 1757, avait été ordonné le 9 juin 1781 et était pourvu de ses grades. Vicaire à Asfeld en 1783, il l’était de Saint-Timothée en 1786 et desservait l’Hôpital général ; ainsi en fut-il jusqu’à la suppression de la paroisse. Marot avait émigré pour échapper au serment et se trouvait (page 129) à Maastricht en 1793. Le 9 messidor an XI, il a fait à Reims acte d’adhésion au Concordat comme vicaire de Saint-Maurice et comme aumônier de l’Hôpital général. Il est mort dans cet emploi, le 31 juillet 1816, place Saint-Maurice [71].

 

      Hubert André POTHÉ est né à Reims sur la paroisse de Saint-Hilaire le 19 juillet 1764. Il était prêtre-sacristain de sa paroisse natale en 1789, puis chapelain de Saint-Martin depuis le 9 août 1790 jusqu’aux derniers jours de la paroisse, 5 juin 1791. Il refusa le serment, prit, le 28 juin 1791, un passeport pour Sainte-Marie-à-Py et passa à l’étranger. En 1793, il était à Maastricht. Le 29 messidor an XI, il a été chargé de desservir Rilly-la-Montagne où il recevait encore en 1817 une pension de 267 francs. Il a été curé de Cormontreuil. Pothé est mort à Reims, rue de Thillois, 20, le 5 octobre 1853, chanoine honoraire ; il avait 89 ans.

Jean Aimé MAGUINET, né à Vaux-Montreuil vers 1734, ordonné en 1758, était maître ès-arts. Après avoir desservi Pévy durant trois mois, il a été vicaire de Saint-Hilaire de Reims. Il en fut tiré, le 29 janvier 1771, pour succéder comme curé de Saint-Julien à Jean-Baptiste Savar, qui devenait principal du Collège. Maguinet signa la lettre adressée à Mgr de Talleyrand par les prêtres fidèles de Reims. Il souscrit 216 livres pour la Nation, refusa de prêter le serment constitutionnel et poursuivit son ministère jusqu’à la suppression de sa paroisse. Au dernier mariage qu’il bénit, le 3 juin 1791, à Saint-Julien, on lit ces paroles significatives:

      « Vu la permission générale de Mgr de Talleyrand, archevêque de Reims, accordée à tous les curés et vicaires desservant le diocèse en date de Paris du 5 avril de la même année, nous avons dispensé et dispensons de la publication. »

      Maguinet prit un passeport (n° 600) le 8 juin 1791 ; il était à Maastricht en 1793 et fut inscrit parmi les émigrés. Le 3 prairial an XI, il a été nommé vicaire de la nouvelle paroisse Saint-Rémi (page 131) de Reims composée en partie de ses anciens paroissiens de Saint-Julien. Il est mort à Reims, rue du Cerf, le 22 février 1808, à 74 ans [72].

 

      Laurent Jean Pierre THUILLIER, né à Reims sur la paroisse de Saint-Symphorien le 18 juin 1764, a été fait prêtre le 20 décembre 1788. Qualifié par la Société populaire du nom de « secrétaire de Saint-Étienne » et dans un passeport de « vicaire de Saint-Symphorien », il était certainement vicaire de Saint-Julien au 25 janvier 1791. Il refusa le serment. Le passeport (n° 493) qui l’autorisait à se rendre aux frontières pour échapper au serment est du 25 mai 1791. Thuillier a été desservant de Verzenay d’octobre 1814 au 8 septembre 1815 avec pension de 267 francs ; curé de Verzy le 1 octobre 1817, après un vicariat à Notre-Dame de Châlons. Il est devenu en 1832 curé de Saint-Jacques de Reims, après Jean-Louis Sommé. Sa mort est survenue le 5 février 1834, à Reims, rue de Vesle, 194. Il était chanoine honoraire de Reims [73].

 

      Étienne Charles PAQUOT était né à Reims, paroisse de Saint-Symphorien, le 20 octobre 1732. Il avait été ordonné le 18 décembre 1756 et il a reçu le titre de docteur en 1760.

      « Aux débuts de 1757, vicaire de Fismes pendant quatre mois ; chapelain de Saint-Symphorien jusqu’ sa nomination comme curé de Saint-Jean ; dans cet intervalle, il était Directeur des Religieuses de la Congrégation. » [74]

      Il avait succédé, le 17 juillet 1763, dans la pauvre paroisse de Saint-Julien à défunt Jean Dominé. En 1787, il fut chargé du doyenné de la Chrétienté. En 1790 et en 1791, l’abbé Paquot était aussi recteur de l’Université. Sa souscription patriotique de 1790 a été de 400 livres. En décembre 1790, il avait adhéré à la lettre adressée à Mgr de Talleyrand par les curés fidèles de la ville.

      Après avoir refusé énergiquement de faire le serment constitutionnel, M. Paquot s’était momentanément éloigné de Reims, le 27 mai 1791. Il y revint, se refusa, le 13 septembre, à remettre aux assermentés les papiers et registres du cartulaire des curés de Reims dont il était dépositaire et poursuivit son ministère de confesseur à la Congrégation. Au 16 novembre, ayant par méprise quitté en pleine nuit son logement de la rue du Grand-Cerf pour se rendre à ses fonctions à la Congrégation, l’abbé Paquot était allé ingénument s’en expliquer au poste de Dieu-Lumière ; ce qui provoqua une émeute contre sa personne et contre le couvent.

      M. Paquot possédait à Villers-Allerand une maison de campagne qu’il abandonna définitivement le 9 août 1792 pour se fixer à Reims. Dénoncé dans la matinée du 4 septembre 1792 par un misérable, nommé Château qu’il assistait, M. Paquot fut saisi chez lui par une horde d’émeutiers. Conduit au milieu de leurs vociférations jusqu’au Conseil de Ville, il refusa de nouveau de prêter le serment ; puis il fut brutalement entraîné sur la place de l’Hôtel de Ville et massacré. Ses restes dépecés et ignominieusement outragés par les assassins ont été promenés dans toute la ville. Ses biens meubles et immeubles furent vendus aux enchères le 2 et le 3 février 1793[75].

 

      Claude Nicolas BONNETTE, né à Reims le 26 juin ou le 26 juillet 1741, avait été ordonné à Noël 1765. En 1771 il était docteur en théologie. D’abord chapelain de Saint-Michel et desservant de l’Hôtel-Dieu, il fut chargé en avril 1773, du vicariat de la paroisse Saint-Timothée. Il en a été tiré pour devenir, le 22 avril 1779, curé de Vieil-Saint-Remi au décès de Nicolas Lefort ; de là, Bonnette fut transféré en 1785 à la cure de Trigny au départ de Jean-Baptiste Mavaux ; enfin, le 23 janvier 1789, il succédait à Concé dans la cure de Saint-Maurice. On vantait sa prodigieuse facilité de composition pour la chaire. Sa souscription patriotique de 1790 fut de 150 livres. Bonnette refusa le serment. Au Jeudi-Saint de 1791, il a même protesté du haut de sa chaire contre l’intrusion de Diot qui venait d’être élu évêque de la Marne [76].

« Le 28 février, après lecture de l’instruction de l’Assemblée nationale sur le serment constitutionnel, le curé de Saint-Maurice a voulu prêcher et s’élever contre ce qui venait de se passer ; un tumulte l’a obligé de descendre. » [77]

      Diot lui avait proposé de le nommer vicaire épiscopal ; mais il avait énergiquement refusé. Déclaré déchu de sa cure, il se retira dans sa famille à Reims même, prouvant l’indépendance de son caractère. Ainsi, le 24 mai 1792, il avait rencontré, en face de la porte de l’évêché, le dominicain Barthélemi Bocquet qui se rendait à Notre-Dame à la messe des prêtres assermentés. Bonnette le lui avait publiquement reproché avec de dures paroles contre les assermentés et s’était ainsi exposé à être poursuivi devant les tribunaux [78]. Chassé de Reims par les massacres, Bonnette reçut, le 6 septembre 1792, un passeport (n° 6106) pour Namur. On le trouve à Maastricht en 1793. Au 5 ventôse an IV, ses héritiers demandaient au Conseil de Reims la reconnaissance de leurs droits à recueillir les biens séquestrés de l’abbé Bonnette ; ils obtinrent un avis favorable [79]. Bonnette adhéra au Concordat le 30 floréal an X, fit le serment concordataire comme desservant de Saint-Maurice le 27 floréal an XI, et gouverna de nouveau son ancienne paroisse. Le 1er décembre 1821, il est devenu chanoine de Notre-Dame dans le Chapitre reconstitué. Il est mort à Reims, rue des Fusiliers, 16, le 24 décembre 1831, à 90 ans.


[48] Jugement du 26 thermidor, an III : tribunaux criminels de la Marne.

[49] HULOT : Histoire d’Attigny.

[50] HULOT : Histoire d’Attigny.

[51] Journal d’Hédoin, 1er mai 1793.

[52] MICHAUD 1872, p. 445.

[53] Archives Municipales de Reims : Lettre du préfet, 26 germinal de l’an VIII, – du préfet de police, le 28 messidor.

[54] Voir Académie de Reims, tome XCII, p. 384.

[55] Au 1er germinal an II, le Conseil fit observer qu’à la maison d’Humanité demeuraient encore, étaient nourris et payés deux desservants. Après en avoir délibéré, jugeant leur présence inutile et cette dépense en pure perte, il les congédie. – Archives Municipales de Reims.

[56] Archives Municipales de Reims, aux dates indiquées.

[57] Les éléments de cette notice ont été extraits en partie d’un livre de L. TRANCHAU : Le collège et le Lycée d’Orléans, 1893.

[58] Notes extraites d’une notice nécrologique imprimée chez Régnier.

[59] Notes extraites de sa biographie dans MICHAUD, p. 445.

[60] Correspondance générale de l’Europe ; 1792 ; tome I, p. 327.

[61] Bulletin du diocèse, 1904.

[62] Voir : Ami de la Religion, tome XXII, p. 300.

[63] Passeport n° 6334.

[64] Extraits des Archives de la Société populaire. Note de Lebourq, et Délibération municipale du 1 thermidor an II.

[65] Correspondance générale de l’Europe : date indiquée.

[66] Correspondance générale de l’Europe : date indiquée.

[67] Archives Municipales de Reims.

[68] Lacatte-Joltrois, p. 480 bis.

[69] Registres particuliers.

[70] Notes spéciales.

[71] Registres du curé de Wyk et de la paroisse de Saint-Maurice.

[72] Registre de la paroisse Saint-Julien, 1791.

[73] Registre de la paroisse Saint-Julien, 1791.

[74] Enquête de 1774 : Paroisse de Saint-Jean.

[75] LORIQUET : CR : 381.

[76] Correspondance générale de l’Europe, 26 avril 1794.

[77] Rapport de JOUVANT au procureur-syndic du Département : 2 mars 1791. Archives municipales de Reims.

[78] Correspondance générale de l’Europe, 179, tome II, p. 469.

[79] Archives municipales de Reims, à la date indiquée.

Pour toute demande de renseignements, pour tout témoignage ou toute suggestion,
veuillez adresser vos courriers à
 :