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Un amateur passionné de
portraits rémois, se trouvant chez M. l’Économe du grand
Séminaire, aperçoit un tableau représentant un prêtre à cheveux
blancs, revêtu de la soutane. Il demande l'autorisation d'emporter
le portrait pour le soumettre à quelques connaisseurs, espérant
découvrir le nom de l'ecclésiastique. Les recherches ne produisirent
aucun résultat. Il fallut rapporter le tableau : la lumière devait
venir du Séminaire. Quand on voulut replacer la toile dans son
cadre, on aperçut, émergeant de la poussière, sur la traverse haute
de derrière, ces mots : « M. Jacques Chanzy, né en 1754, mort à
Reims, le 3 mai 1833, chne
honre
, à l’âge de 79 ans. »
Le portrait, peint par
M. Germain, de Reims, en 1833, est digne d'être conservé. Il
perpétuera le souvenir d’un prêtre de mérite, bien-aimé, professeur
de l'ancienne Université de Reims et puis du collège impérial,
victime de la révolution, et oncle du général Chanzy
.
M. l'abbé Chanzy est né
en l’année l754, à Terron-sur-Aisne, où son père était notaire ; sa
mère s'appelait Alexise Barthélemy. Il vint à Reims, suivit les
cours de l'Université, et de 1780 à 1783 il remplit les fonctions de
sous-principal du Collège, avec MM. Macquart, Bastien, Parent,
Legros. En 1784 il obtint la chaire de cinquième, qu’il conserva
jusqu’en 1791
.
Au moment de la Révolution il dut s’exiler.
Il revint à Reims après
la tourmente révolutionnaire, et se dévoua de nouveau à
l'instruction des jeunes gens, avec MM. Parent, Lefebvre et Fourmet.
Le 15 octobre 1802, M.
l’abbé Legros ouvre un cours d'enseignement dans les bâtiments de
l'ancien couvent de Saint-Denis (grand Séminaire). Il prend avec lui
plusieurs de ses confrères de l'Université, MM. Nicolas Cordier,
Parent
et Chanzy. La maison, qui fut fermée en 1809, fut très prospère,
malgré la rivalité du Collège, fondé le 23 septembre 1804 dans les
bâtiments de l'ancienne Université.
En 1809, M. l’abbé
Legros fut nommé proviseur du Lycée impérial, et MM. Parent et
Chanzy professeurs de rhétorique et de troisième
.
M. Legros se retira vers 1813 ; il est probable que ses confrères le
suivirent dans la retraite ; car ils ne figurent plus dans la liste
des professeurs en l'année 1814
.
M. Chanzy continua
d'instruire des jeunes gens qu'il disposait le plus possible à
entrer dans l'état ecclésiastique. Nous le retrouvons encore comme
professeur, en 1820, dans les bâtiments de l'ancien couvent des
Augustins, au moment où la famille Boisseau vendait ces propriétés à
l'abbé Lieutard, pour l'établissement du petit Séminaire.
Tant de travaux
méritaient une récompense. Trop modeste pour la désirer, l'abbé
Chanzy, sans l'avoir demandé, fut nommé chanoine honoraire au
montent de la restauration du siège de Reims. La ville tout entière
ratifia cette nomination.
M. l'abbé Chanzy mourut
à Reims le 3 mai 1833, dans la rue du Bourg Saint-Denis, n°18 ; la
rue aujourd'hui porte le nom de son illustre neveu, le général
Chanzy.
La meilleure preuve que
nous puissions donner de l'amour et de l'estime des habitants de
Reims pour l'abbé Chanzy, c'est de rappeler la souscription ouverte
aussitôt après sa mort, patronnée par M. Macquart, vicaire général,
à l'effet d'ériger un monument à la mémoire du défunt.
Le monument est placé
derrière la chapelle du cimetière, au milieu. Il est haut de deux
mètres. Sur l'une des faces, on lit :
Monument élevé par la vénération
et la reconnaissance
A la mémoire
de M. Jacques Chanzy
Prêtre, chanoine honoraire
de la Métropole de Reims ;
mort le 3 mai 1833
âgé de 79 ans
Sur l’autre face :
Doux et humble
de cœur
Il a consacré sa vie
à l’instruction de la
jeunesse, au salut des
âmes et au soulagement
des pauvres.
Nous n'avons rien à
ajouter après un pareil témoignage.
Charles
Cerf
NOTA :
Ce
monument a été endommagé par la tempête d’octobre 1999. Il est
actuellement par terre, en morceaux.
Espérons qu’un marbrier veuille bien le remonter, afin que la
mémoire du Chanoine CHANZY continue à être maintenue et sa
sépulture visitée par un nombreux public qui vient comme en
“pèlerinage”, visiter les “vieilles pierres” de la plus ancienne
nécropole rémoise.
A. ROCHA
(Conservateur)
Plusieurs personnes de la ville possèdent une lithographie
de l'abbé Chanzy.
Almanach de Reims,
de 1780 à 1792.
Né le 15 juin 1765, mort le 8 août 1833.
GERUZEZ, professeur du Collège, Histoire de Reims, p.
463.
L’abbé Legros, avec de pressantes instances, offrit à l’abbé
Cordier, son ami, une chaire dans le Collège qui lui était
confié ; ce dernier préféra partir pour Meaux. Il fut nommé
professeur au grand Séminaire. C’est là qu’il mourut,
victime de son, zèle durant une épidémie, le 28 avril 1814,
à l’âge de 48 ans.
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