AD PERPETUAM REI MEMORIAM

Gabriel Marin Courtin
1756-1829

 

Né à Vendôme (Loir-et-Cher) le 8 décembre 1756, Courtin avait embrassé la vie religieuse chez les Bénédictins. Il avait fait profession à Saint-Denis le 19 décembre 1777 et on l'avait envoyé à Reims au couvent de Saint-Nicaise où il avait, en 1791, la charge de dépositaire. Courtin déclara qu'il quitterait la vie commune. Une somme de 900 livres lui fut assignée sur les ressources de l'abbaye et, le 29 mars 1791, il devenait vicaire de l’abbé Macquart, curé assermenté de Sainte-Marie-Madeleine. Lui-même fit le serment à son entrée en charge, le 29 mars. C'est là que vint le trouver sa nomination à la cure de Saint-André.

En dépit du serment constitutionnel qu'il avait dû renouveler, le 22 juillet, à son installation comme curé, et du serment de liberté qu'il avait prêté, le 12 septembre 1792 ou le 22 août d'après l'enquête de l'an VI, Courtin demeurait suspect aux jacobins de la section de Cérès. Le 19 nivôse an II, il fut dénoncé « pour aller dire la messe à Bétheny » ; on reconnaît pourtant qu'il n'a pas engagé ses anciens paroissiens à y assister. Le 26 nivôse : « Courtin ex curé des faubourgs a refusé dans son assemblée de mettre le bonnet rouge ou ne l'a mis que contraint. » La dénonciation venait du Contrat social. Le 23 messidor, la section de Mars le soupçonnait aussi :

« Prendre tous les renseignements possible et par écrit pour découvrir si Courtin ne continue point son métier de charlatan, en baptisant les enfants, relevant les femmes en couches, confessant, communiant les personnes qui ne peuvent qu’être induites en erreur par l’astuce du régime sacerdotal qui s'opère clandestinement chez lui et dans l'obscurité [1]. »

Dès le 2 germinal an III, Courtin qui demeurait rue du Faubourg Cérès, 84, informa le Conseil de Reims « qu'il dirait la messe chez le citoyen Aubry, cultivateur, même rue, 61 ». Sa déclaration, précédée des formalités requises, a été enregistrée le 18 vendémiaire an IV. Le 2 messidor an III, « en vertu de la loi du 11 prairial an III qui rendait aux paroissiens l'usage de leur église, Courtin exerça publiquement et paisiblement à Saint-André [2]. En. instituant le Presbytère épiscopal de vendémiaire an V, Diot l'avait appelé dans son Conseil. On avait inséré ; dans les journaux de Reims, le 26 prairial an V, que l'assemblée avait admis le rétablissement de l'usage des cloches : aussi les offices de Saint-André avaient-ils été sonnés le 27 prairial. Courtin et ses employés furent inquiétés à ce sujet au 1er messidor. Le serment de l'an V avait été fait le 29 fructidor ; Courtin s'est soumis à la Constitution de l'an VIII et avait ainsi atteint l'époque du Concordat, tenant régulièrement sa paroisse. À Saint-André ont été fidèlement inscrits les baptêmes et les premières communions qui avaient été célébrés entre 1792 et le Concordat. Le 27 floréal art XI, il fit l'acte d'adhésion comme vicaire de Notre-Dame. En 1807, il était chapelain de l'Hôtel-Dieu. Il a été chanoine honoraire. Courtin est mort, le 31 août 1829, à Reims rue de l’École de Médecine, à l'âge de 72 ans et demi [3].

Émile BOUCHEZ : “Le clergé du pays rémois, Pendant la révolution.


[1] Archives de la Société populaire de Reims : LEBOURQ.

[2] Délibération du Conseil général.

[3] Notes particulières.

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