Jean-Baptiste
Blavier, né à Reims,
sur la paroisse de Saint-Hilaire, le 13 novembre 1756, devint prêtre en
1780. Si l'on s’en rapporte aux affligeantes relations insérées dans les
archives municipales de Reims, ce fut sa famille qui l'engagea dans une
voie où il n'était pas appelé :
« Blavier fut
prêtre. Ce ne fut point le fanatisme qui lui fit adopter cette
profession. Il devint bossu d'une manière fort prononcée : ce défaut de
conformation lui fit croire qu'il n'était point fait pour le mariage ;
ses parents le déterminèrent à se faire prêtre. Quelque temps après il
fut nommé chanoine… »
Blavier avait
d'abord été introduit dans le Chapitre de Saint-Symphorien ; le 4
octobre 1784, il a succédé comme chanoine de Notre-Dame à Jean-Joseph
Amariton du Bost, démissionnaire. Il résidait dans la rue de l'Écossois.
Blavier était
remarquablement doué pour diriger ou pour contrôler une administration
financière importante et délicate :
« Actif et
laborieux par caractère, intelligent par nature, l'administration des
biens du Chapitre lui était aussi nécessaire qu'elle était bien placée
entre ses mains... Ce fut Blavier qui rédigea et remit pour le 1er
janvier 1790 la déclaration exacte de l'actif et du passif du ci-devant
Chapitre... et la fidélité qu'il mit dans celte déclaration lui a valu
l'estime et la confiance des corps administratifs... au point qu'il fut
chargé pour la Nation de recevoir les arrérages dus par les fermiers,
mission qu'il remplit avec l'exactitude et l'intelligence qui lui sont
familières... »
Pendant toute la
durée de la crise économique et financière qui éprouva Reims durant la
Révolution, Blavier fut un organisateur incomparable. En juin 1793 la
Ville fit graver, par reconnaissance, la médaille d'or suivante : « Les
habitants de Reims reconnaissants, à J.-B. Blavier leur concitoyen. —
Caisse patriotique de Reims, 2 juillet 1791. »
Il est à regretter
que cet homme si intelligent ait été inscrit parmi les assermentés en
1790, puis au 16 août 1792, et surtout qu'il ait remis, le 22 brumaire
an II, ses lettres de prêtrise sur le bureau de la Société populaire
dont il faisait partie. À son décès du moins il avait regretté cette
défection. Blavier avait une pension ecclésiastique de 267 francs en
1817. Il est mort le 1er
juin 1819, et est inscrit comme contrôleur des contributions. Par
disposition testamentaire, Blavier, désireux sans doute de réparer ainsi
les fautes de sa vie, avait laissé aux Sœurs de l'Enfant-Jésus un legs
de dix mille francs. Les héritiers soulevèrent des oppositions et
obtinrent une transaction qui réduisit au tiers sa libéralité. Elle fut
attribuée au bureau de bienfaisance, avec affectation du revenu à
l'instruction primaire donnée en ville par les Religieuses du Saint
Enfant-Jésus
.
Émile
BOUCHEZ : “Le clergé du pays rémois, Pendant la révolution”.
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